Il y a quelques jours je suis retombé par hasard sur un article de GQ Magazine (la version online), présentant la sélection « des souliers masculins les plus élégants » (je cite) pour le printemps 2014.
Après avoir rapidement parcouru cette sélection supposée guider les hommes vers les meilleurs souliers sur le marché (au moment même où GQ lance son académie de style destinée à aider, contre rémunération, les hommes à parfaire leur style avec des conseils d’experts), je me sens dans l’obligation de faire un constat : le fossé semble bel et bien se creuser entre la nouvelle génération des hommes en quête de style et d’excellence personnels et la presse magazine. Une sorte de dialogue de sourd en somme.
En effet, comment justifier que dans cette liste de 30 maisons supposées représenter la fine fleur actuelle des souliers pour hommes l’on trouve, en vrac, des noms comme Armani, Dolce & Gabbana, Loboutin, Prada, Kenzo, Valentino, Ferragamo, Gucci, YSL, Tom Ford, Paul Smith, Hugo Boss et même The Kooples ? Seuls quelques modèles de Berluti, Church’s, JM Weston et Santoni sauvent l’honneur d’une liste dans laquelle à peine 15% des maisons citées sont en réalité de vraies maisons de chaussures…
Autant je peux comprendre qu’un titre de presse de cette envergure ait besoin de soigner ses annonceurs avec ce type de sélection, autant il me semble, dans le contexte actuel, peu crédible de recommander The Kooples ou Hugo Boss comme étant des marques références en matière de souliers élégants auprès d’une génération d’hommes s’intéressant de plus en plus à la chose vestimentaire et s’éduquant de plus en plus dans le domaine.
Il est d’ailleurs intéressant de noter qu’entre cette sélection de 30 marques et notre sélection de 36 marques de souliers (représentant plusieurs mois de travail par toute notre équipe), seules 5 maisons apparaissent dans les deux listes.
A une époque où tout le monde prétend faire de l’éducation en matière de style masculin, nous assistons donc de plus en plus à un mélange des genres qui ne plaide pas en faveur de la crédibilité de telles sélections qui, si elles n’ont rien de choquant s’agissant d’un magazine de mode, deviennent beaucoup plus étonnantes lorsque l’on parle d’éducation et de conseil.
Car franchement, personne n’a besoin de s’éduquer en matière de souliers si c’est pour se voir recommander du Boss ou du Armani.
Une chose semble donc claire : nous ne parlons définitivement pas des mêmes hommes et encore moins de la même éducation.
Heureusement, il nous reste The Rake Magazine…