Gentlemen,
nous avons la joie de publier aujourd'hui la première mise à jour de la sélection PG des costumes en prêt-à-porter 2014 avec l'ajout de quatre maisons : une britannique, Ede & Ravenscroft, une canadienne, Samuelsohn et deux italiennes, Loro Piana et Stefano Ricci, ce qui porte le nombre de maisons dans notre sélection à quarante-trois.
Nous avons également la chance d'accueillir dans cette review Jeffery Diduch, créateur et éditeur de l'excellent blog Made by Hand. The Great Sartorial Debate , l'une des voix les plus érudites et les plus pertinentes dans le domaine.
Le prêt-à-porter de qualité du doyen des tailleurs londoniens
Prix : de 500 euros à 800 euros
Par Greg Jacomet :
Fondée 1689, Ede & Ravenscroft est la plus ancienne maison de "tailoring" londonienne encore en activité aujourd'hui. La vénérable institution est historiquement connue pour sa confection d'habits officiels, des robes d'avocats aux perruques si chères au système judiciaire anglais, ainsi que pour son service de location de robes de cérémonie pour étudiants fraîchement diplomés.
Ede & Ravenscroft propose également une collection de prêt-à-porter dont la qualité n'a rien à envier à ses principaux concurrents dans la même gamme de prix. Pourtant, et malgré une solide clientèle fidèle, la maison est trop souvent ignorée au profit de marques au budget marketing plus conséquent.
Le style de la maison est résolument très "british" sans pour autant tomber dans l'excès de formalisme. La collection de costumes (semi-entoilés) est éclairée, quoique sans trop de prises de risque, et certains modèles au dessus de 500£ sont proposés avec deux pantalons, ce qui est très appréciable.
La maison propose également une belle selection de vestes sports à la coupe classique, du blazer navy à la veste en tweed, en passant par des curiosités quelques peu inattendues de la part d'une maison au style parfois conservateur, comme des vestes en lin aux belles couleurs d'automne.
Ede & Ravenscroft est une maison singulière et ce n'est pas un hasard si la vénérable institution est encore en activité aujourd'hui. Les produits proposés ont du "flair" et sauront satisfaire tous les amateurs de beaux costumes à l'anglaise, ce qui est une gageure dans cette game de prix, dominé par des maisons donnant dans le simili-Italien.
++ : Bon rapport qualité-prix, très beaux tweeds, un style anglais de bon goût
--- : Coupes parfois un peu amples
Une maison de qualité très sous-estimée
Prix : de 750 euros à 1200 euros
Par Jeffery Diduch :
Le rapport qualité-prix des produits Samuelsohn est probablement sans équivalent sur le marché actuellement.
Avec une qualité de fabrication plus ou moins équivalente à Canali, mais à des prix substantiellements plus bas, Samuelsohn est l'une des marques les plus injustement sous-estimées qui soient.
Très longtemps dirigée par deux frères ennemis jumeaux, l'entreprise fut vendue il y a quelques années à un fond d'investissement qui a mis à sa tête une nouvelle équipe comprenant Arnold Brant Silverstone, Darrell Henson (l'un des meilleurs "merchandisers" sur le marché), et un ancien de l'assurance qualité de Caruso. L'équipe a su donner un second souffle à l'offre de la marque, et l'usine fabriquant les costumes a été agrandie pour mieux faire face aux challenges du marché actuel -- dans le cas de Samuelsohn, un dollar canadien en train de remonter et plus haut que ces dernières années.
Les manufactures de costumes canadiennes ont en effet longtemps tiré profit d'un taux de change de 0.65$ CA pour un dollar americain, leur ayant permis de vendre sur le marché Americain à des prix très compétitifs.
Cet époque est maintenant révolue, mais le Canada tire encore avantage de la politique protectionniste américaine, qui percoit jusqu'à 17% sur l'importation de certaines matières premières (comme le cachemire par exemple), que les manufactures canadiennes ne payent bien entendu pas.
Une politique étrange, pour ne pas dire stupide : il n'y a plus de producteurs de laine aux Etats-Unis, donc la taxe ne protège personne, mais pénalise toutes les manufactures Américaines. Ahem.
Samuelsohn produit également en "private label' pour Harry Rosen (Canada) et Paul Stuart (New York et Chicago), que beaucoup considèrent comme étant parmis les meilleurs marques du marché des deux cotés de la frontière.
L'entreprise vient également de racheter Hickey Freeman et je suis curieux de voir comment la marque va être positionnée sur le marché.
De la filature au prêt-à-porter de luxe
Prix : de 2200 euros à 3500 euros
Par Paul F :
En pensant à Loro Piana, on pense immédiatement aux innombrables tissus luxueux, le cachemire bien sûr, mais aussi la vigogne dont la quasi-totalité de la production lui est réservée et qui atteint des prix stratosphériques.
Loro Piana, c'est aussi de nombreuses boutiques de prêt-à-porter mais il ne s'agit pour une fois pas d'une tradition vieille de cent ans.
La maison de tissus de luxe s'est étendue à cette activité en y voyant un potentiel de développement (qui n'a pas échappé au groupe LVMH qui en a fait l'acquisition en 2013 pour un montant lui aussi stratosphérique).
Les produits Loro Piana sont d'une qualité exceptionnelle. Je possède à titre personnel des pulls en cachemire, une parka en baby cachemire et des vestes dont la qualité de construction est au niveau des autres grandes maisons italiennes avec des tissus d'exception.
Les boutonnières sont rarement déjà faites pour laisser place aux retouches nécessaires. L'entoilage est très léger et l'une de mes vestes en cachemire est un réel plaisir à porter en hiver avec un col roulé de la même maison.
Toutefois, il est difficile de distinguer un style Loro Piana dans la coupe, mis à part des revers généralement plutôt généreux.
Les couleurs sont en revanche très belles et le catalogue Loro Piana est toujours un plaisir à feuilleter avec d'excellentes suggestions de mises et d'agencements de couleurs. Vous y rencontrerez souvent des dégradés de beige/marron, des gris, des bleus, des oranges et des verts.
++ : Tissus d'exception, belle qualité de production, entoilage léger et agréable
--- : Prix élevés
Des tissus exceptionnels, des coupes classiques et des prix stratosphériques
Prix : de 3800 euros à 7000 euros
Par Dirnelli :
Stefano Ricci est une maison de prêt-à-porter Italienne très haut de gamme qui joue dans la même cour tarifaire (stratosphérique) que Brioni et Kiton, tout en jouissant d'une notoriété un peu moindre (notamment sur l'internet).
Les coupes maison sont extrêmement classiques, plutôt d'inspiration romaine (comme Brioni) avec une épaule plus structurée que l'épaule Napolitaine. Comme Brioni, Ricci n'utilise que des tissus très luxueux et très onéreux (avec parfois cependant des choix discutables visuellement) et les costumes Ricci sont très légers à porter (plus légers que Brioni, mais moins que Kiton).
A mon avis, le fait que Stefano Ricci atteigne le même niveau d'attention (surtout sur l'internet) que ses deux illustres concurrents n'est plus désormais qu'une question de temps.
++ : De très beau costumes, bien faits, dans des tissus et des matières très luxueux
--- : Certains tissus sont un peu trop voyants et le style est très conservateur.
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Voir la sélection complète mise à jour ici.
A suivre pour la mise à jour #2.
Cheers, HUGO