Chers lecteurs,
Si vous n’avez jamais ouvert Illusions perdues de Balzac, ni même visionné son adaptation récente au cinéma (signée Xavier Giannoli), alors j’espère que ce billet vous en donnera envie.
Il faut dire que nous ne nous attaquons pas aujourd’hui au morceau le plus mince de notre dossier sur les élégants de la littérature du XIXe. Lucien de Rubempré est un des personnages marquants de la Comédie humaine, et des générations entières ont pleuré son funeste destin (y compris Oscar Wilde, d’après la légende).
Mais de qui parlons-nous au juste ?
D’un jeune poète, avant tout. Un certain Lucien Chardon, fils d’apothicaire, qui rêve comme tant d’autres de parvenir. Et pour atteindre cet objectif, un seul moyen : gagner Paris. Ce que notre héros fait, s’engouffrant ainsi dans une spirale qui aura raison de son intégrité morale et financière. Le roman nous montre avec beaucoup de précision (je vais au contraire très vite, vous l’aurez remarqué) comment un jeune idéaliste se retrouve à sacrifier ce qu’il avait de plus précieux pour triompher de ses adversaires.
Ce roman est enivrant et glaçant à la fois.
Surtout, il ne se lit pas isolément. Une fois la dernière page tournée, il vous faudra aller acheter Splendeurs et misères des courtisanes pour découvrir la suite des aventures de Lucien Chardon, devenu de Rubempré. Il y a beaucoup à dire sur ce personnage. Il s’agit assurément d’un autre exemple de dandy opportuniste – peut-être plus doué que son confrère Julien Sorel, dont nous parlions récemment. Un individu qui succombe à la capitale et oublie toutes ses valeurs, mais n’en demeure pas moins attachant. On se laisse émouvoir par la fragilité du personnage, dans lequel beaucoup de lecteurs reconnaissent souvent, me semble-t-il, leur propre idéalisme de jeunesse. Au fond, chacun a envie de le voir réussir, et ses heures de gloire apportent une satisfaction terrible au lecteur.
Je vous encourage vivement à aller vous familiariser avec ce personnage,
Cheers,
Léon