Comme vous l’avez sans doute constaté depuis quelques mois, après être restés, pendant plus de 5 ans, intégralement focalisés sur la partie sartoriale de l’élégance de l’homme, nous nous sommes finalement ouverts, lentement mais résolument, vers d’autres domaines immédiatement périphériques à notre sujet principal.
Ce élargissement récent (et plutôt discret) de notre ligne éditoriale à des sujets comme, par exemple, les instruments de rasage et l’horlogerie, n’est cependant pas le résultat d’une stratégie et encore moins une tentative de faire de PG un magazine masculin « lifestyle » (rien que le mot m’énerve d’ailleurs). Non.
Cet ouverture à des sujets voisins (et complémentaires) au coeur de notre production est en réalité le fruit de rencontres avec des auteurs. Des personnes qui, par la qualité de leur écriture et/ou la pertinence de leurs propos s’intégraient bien dans le « style » de PG.
Il y a quelques mois nous avons rencontré Emmanuel Laurent, un gentleman passionnant et passionné, à la plume éloquente et virevoltante qui est devenu, tout naturellement, un excellent contributeur de PG dans les domaines du rasage et de l’horlogerie.
Et plus récemment, nous avons eu la joie de rencontrer Anthony Hubault, chef sommelier de son état et lecteur de PG de la première heure qui nous a exprimé son souhait de parler de sa passion dans ces colonnes : le vin.
Après avoir longuement réfléchi à cette proposition, nous avons décidé d’y répondre favorablement en ouvrant, désormais régulièrement, nos colonnes à Anthony Hubault, un homme raffiné dont le CV parle de lui-même : sommelier chez Hélène Darroze à Paris, il fut finaliste du concours du Meilleur Ouvrier de France classe sommellerie en 2014 et est aujourd’hui chef sommelier à la Table du Connétable, l’une des sensations gastronomiques de ces dernières années.
En effet le restaurant gastronomique de l’Auberge du Jeu de Paume, dirigé par le jeune chef Arnaud Faye, a réussi une ascension fulgurante avec l’obtention, en 2014, d’une deuxième étoile au Guide Michelin, soit exactement un an après l’obtention de la première, faisant du restaurant situé à Chantilly le seul restaurant deux étoiles de Picardie.
C’est donc avec une joie non dissimulée que nous publions ce jour le préambule de cette nouvelle série d’articles sur PG et que nous accueillons dans notre équipe de contributeurs, Anthony Hubault. « Jamais homme noble ne hait le bon vin » disait François Rabelais.
Dont acte.
Hugo Jacomet
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Deficiente vino, deficit omne.
Droit et Sup de Co en poche, j’étais en train de m’égarer jusqu’à ce que je décide de transformer, en écho à cette célèbre locution latine, une morne, quoique paisible et honnête existence, en expérience esthétique permanente.
C’était décidé. Je deviendrai ce que je suis : un sommelier par (pro)vocation et un dandy scarifié amateur « d’étiquette ».
Il y a cinq ans, je rencontre Hugo Jacomet à l’étage cossu d’une table étoilée du VIème arrondissement à Paris. Dans l’un de ces derniers lieux de civilisation, j’identifiais immédiatement un pan de pantalon venant mourir avec grâce sur l’empeigne affutée d’un soulier Corthay. Nous devions nous revoir, me disais-je…
Ce fut chose faite lors d’un diner récent chez moi, à Chantilly, où Hugo me montra, par Iphone interposé, les étiquettes de deux magnifiques vins que Sonya et lui-même avaient eu la chance de déguster dans le fabuleux restaurant « Le Calandre » du jeune et incroyable chef Massimiliano Alajmo à côté de Padoue en Italie.
– Un Bianca Di Valguarnera 2004 : un vin blanc captivant taillé dans le chêne, bercé par le micro climat de la commune de Salemi (en marge des trop conventionnels circuits organisés en Sicile).
– Un Mauro Vannucci Piaggia Riserva 2005 issue du DOCG (AOC Italien) Carmignano en Toscane, l’une des toute premières appellations (cf Ban du 24 septembre 1716 émis par Cosme III de Médicis). Un grand vin issu d’un petit domaine dans lequel le Sangiovese, le Cabernet-Sauvignon et le Merlot se livrent une joute musclée, virile et élégante…dans un huis clos typiquement franco-italien.
Cette expérience bachique de haut vol me fut comptée par Hugo, alors que je le recevais à ma table à Chantilly par une incroyablement douce soirée d’automne.
Pour ce menu extraordinaire réalisé à mon domicile, j’avais choisi, pour une fois, d’inverser les rôles : les vins étaient les « rois » de la fête et les mets furent choisis, une fois n’est pas coutume, en fonction des flacons.
C’est l’esprit de mes contributions futures pour Parisian Gentleman : mettre le vin en haut de l’affiche et montrer qu’il est possible (et passionnant) de composer des menus fantastiques en partant du vin et non de la cuisine.
C’est un pari risqué, une approche nouvelle mais parfaitement en phase, à mon sens, avec l’esprit de Parisian Gentleman.
Anthony Hubault
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Restaurant La Table du Connétable à Chantilly.
Auberge du Jeu de Paume à Chantilly.