Un homme bien habillé porte de belles chaussettes. C’est un fait indépassable : il est inconcevable de prêter attention au reste de sa mise et d’omettre de se soucier de l’apparence de ses chevilles.
Contrairement à d’autres pièces du vestiaire masculin, et malgré un dynamisme incontestable du secteur, il existe moins d’abondance en la matière — d’autant que la plupart des magasins ne font pas la différence entre chaussette et mi-bas. Soulignons-le encore : en matière d’élégance, le mi-bas est une nécessité autant esthétique que pratique.
Parmi les choix qui s’offrent aux gentlemen, Bresciani est remarquable à au moins deux titres : la qualité et le style.
Des chaussettes médiocres ne feront pas illusion longtemps : elles tiennent mal, les couleurs se ternissent et elles ne durent pas. Bresciani a réussi à améliorer la durabilité de ses produits grâce à des talons et des orteils renforcés tout en préservant le confort. Les couleurs sont durables et les mi-bas « accrochent » bien le mollet.
Mais ce qui distingue Bresciani est avant tout le style maison.
Les associations de coloris sont réellement uniques. Rayures (les « vanisées » réversibles), pied de poule, pois… ces motifs apportent une indiscutable touche de fantaisie tout en restant assez sobres pour être portés avec un costume et dans un contexte de travail.
En fait, ces motifs et ces coloris apportent une véritable dimension supplémentaire puisque ces couleurs vanisées, bleu et marron, bleu et rouge, bleu et gris permettent de coordonner les mi-bas avec le reste de vos tenues de façon plus complexe, plus créative et (beaucoup) plus subtile que les teintes unies.
Nous avons rencontré Massimiliano Bresciani lors d’un événement organisé par nos camarades de Mes Chaussettes Rouges à Paris. Massimiliano est un homme élégant et agréable qui connaît parfaitement son travail et se déclare particulièrement fier de porter le flambeau d’une maison familiale, de la faire prospérer et de renouveler en permanence son catalogue.
L’entreprise a été créée en 1970 par son père et si, pendant des années, Bresciani a principalement fabriqué pour d’autres (grandes) marques, la belle maison des environs de Bergame est aujourd’hui un nom reconnu à part entière.
« Notre souci premier, c’est la qualité. Nous utilisons 120 fils différents. C’est presque insensé économiquement, mais c’est la condition absolue pour que la qualité soit au rendez-vous. Nous mettons sur le marché 200 nouveaux modèles chaque année, avec jusqu’à 30 couleurs différentes mélangées.
Nous travaillons de nombreuses matières, la soie, le cachemire, la laine, le coton et, bien sûr, nous proposons aussi des mélanges et des titrages différents.
A titre personnel, je n’aime pas trop la soie pure, je trouve cela glissant. L’avantage de la soie, en revanche, c’est son excellent caractère isolant qui la rend pratique en été comme en hiver.
Notre coton vient d’Egypte mais il est filé et teint en Italie. Le contrôle qualité est drastique chez nous. »
« En Italie, les chaussettes sont forcément longues. Si elles sont courtes, c’est pour les enfants ! Ailleurs, tout le monde n’a pas le réflexe d’utiliser des mi-bas, à part en France, au Japon et chez certains clients éduqués aux Etats-Unis. Mais même nos chaussettes courtes sont plus longues que la normale ! »
« Nous travaillons pour des grandes marques. Nous avons par exemple travaillé pour Brioni. En général, ils ont leurs propres idées et nous produisons en fonction de leurs demandes. Parfois ils veulent juste une petite personnalisation. Nous faisons aussi des commandes spéciales, parfois pour une seule personne !
Autrement, notre réseau est composé de détaillants dans le monde entier. Nous ne faisons pas de vente par correspondance car nous préférons avoir une relation forte avec un détaillant dont c’est le métier et en qui nous avons confiance. Cela nous permet de nous concentrer intégralement sur la production elle-même. Nous n’avons d’ailleurs à ce jour que deux boutiques à notre nom, à Moscou en Russie et à Bakou en Azerbaïdjan. »
« Depuis sa création en 1970 par mon père, l’entreprise a toujours été consacrée aux chaussettes. Nous avons aussi développé une ligne de sous-vêtement mais c’est différent et nous préférons conserver cela à part.
Nous faisons tout en famille. Nous venons du même village, à une douzaine de kilomètres de Bergame. La plupart des 32 employés de Bresciani ont un lien familial. C’est important pour nous de travailler dans une entreprise que l’on peut et que l’on veut transmettre. Nous avons une vision à long terme. »
« Le plus grand danger pour nous aujourd’hui est une rupture de la chaîne des fournisseurs. Si l’un d’eux vient à fermer, cela met en danger toute la chaîne et il est très difficile de retrouver le même niveau de qualité.
Notre production est écologique, avec beaucoup de recyclage et quasiment pas de gaspillage.
Notre croissance est constante mais raisonnable mais notre objectif principal c’est de conserver un équilibre entre la meilleure qualité possible et le prix le plus accessible.
Nos clients ne sont pas bêtes. Ils savent très bien ce qu’ils achètent et nous ne pouvons pas nous permettre de les décevoir.
Notre réputation tient aussi aux sites spécialisés et aux blogs, et nous n’avons pas besoin de faire trop de publicité. Nous devons, en revanche, être constamment au niveau de notre réputation, ce qui n’est pas facile tous les jours. Mais nous n’avons pas le choix, car sinon tout l’édifice patiemment construit au fil des années s’effondrerait. »
Propos recueillis le 25 Octobre à Paris.
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Bresciani chez Mes Chaussettes Rouges
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