Je suis client de Corthay depuis 2007, (9 ans déjà !), date à laquelle je suis tombé fou amoureux, comme beaucoup de gentlemen dans le monde entier, du modèle séminal qui a fait (et qui continue de faire) la réputation planétaire de la maison de souliers parisienne : le sublime derby deux oeillets ARCA.
Il faut dire que ce soulier avait, dès son apparition sur le marché au milieu des années 2000, tout pour devenir un classique (ce qu’il est incontestablement devenu) : une flamboyance instantanée, un équilibre quasi parfait (languette sur-dimensionnée débordant généreusement des garants, forme à bout légèrement plongeant), un patronage imparable avec des garants étroits, une claque longue comme un jour sans pain et surtout une personnalité absolument unique.
Souvent copié, mais jamais avec égalé (même de loin), l’Arca est, à mon sens, le dernier-né des grands classiques du soulier masculin et a pris définitivement sa place aux côtés du double-boucle William de Lobb, du 180 « Janson de Sailly » de J.M. Weston, de l’Alessandro de Berluti, du Grafton de Church’s ou du Churchill de George Cleverley. La différence, cependant, entre l’Arca et les magnifiques modèles cités ci-avant (le 180 mis à part) est son extrême adaptabilité qui en fait un soulier fascinant et toujours pertinent quelle que soit la patine et, donc, l’occasion (de la plus casual à la plus formelle).
Ma première paire d’Arca, achetée il y a donc quasiment 9 ans, est quant à elle toujours fidèle au poste, n’a jamais, à ce jour, fait l’objet d’un ressemelage (tout juste un changement de fers et de talons) et fait toujours partie des souliers que je porte très fréquemment. Mieux, depuis que j’en ai confié son entretien esthétique à mon ami Paulus Bolten, je trouve cette paire de plus en plus belle et racée.
Ce que j’aime particulièrement chez Corthay (ancienne et nouvelle période confondues) c’est que cette maison, née du talent incontestable de Pierre Corthay, n’a jamais fait les choses comme tout le monde et qu’elle perpétue, aujourd’hui plus que jamais, sa singularité stylistique.
En effet, là où la grande majorité des – excellentes – maisons concurrentes positionnées dans le même segment de tarif (Gaziano & Girling, Edward Green, John Lobb) s’efforce de proposer une palette de modèles la plus large possible afin de couvrir tous les types de besoins et de goûts, Corthay continue, de son côté, à travailler avec un menu extrêmement court pour une maison de cette notoriété.
Là où certains esprits chagrins y verront sans doute un défaut, j’y vois, quant à moi, l’essence même de Corthay et le coeur de sa stratégie depuis l’origine : ne pas plaire à tout le monde, mais plaire passionnément à certains (voir à beaucoup dans le cas de l’Arca).
A titre personnel, je reste un inconditionnel de Corthay même si je ne possède, à ce jour, dans ma collection de souliers « que » quatre paires d’Arca (ma paire d’origine, une paire en cuir verni noir, deux paires à simple boucle), trois paires de Vendôme (noire, marron et vert olive) et une paire de Belphegor.
Comme vous le constatez dans cette liste, j’apprécie aussi particulièrement le Richelieu Vendôme car il transporte également cette « patte » singulière de Corthay : c’est en effet l’un des seuls Richelieu sur le marché à proposer un « wingtip » placé très (très) en avant du soulier, affinant considérablement la silhouette du pied et apportant un réel supplément d’âme et de « flair » à un modèle en théorie très classique.
Comme chaque saison, Corthay nous livre pour l’hiver 2016/2017 une petite série de nouveautés, avec, comme à l’accoutumée, quelques jolies prises de risques. En tête de gondole nous trouvons le tout premier double-boucle maison (enfin !) proposant une asymétrie assez audacieuse qui ne plaira sans doute pas à tout le monde, mais qui, fidèle à l’esprit maison, tente de renouveler (un peu) ce modèle extrêmement répandu depuis quelques années.
Voici donc la sélection PG des nouveautés Corthay 2016/2017 tant en termes de modèles que de patines. N’hésitez pas à cliquer sur les photos pour les agrandir et en apprécier les détails. Au menu :
– Le premier double-boucle maison en 3 patines et en version veau-velours :
Deux Arca en cuir vernis dans de nouvelles patines. Pas forcément faciles à porter, je le concède, mais vraiment uniques !
– Une « saddle shoe » trois oeillets avec insert de peausserie exotique.
– Différentes versions du loafer Brighton (avec ou sans pampilles) :
Et mes deux modèles préférés de cette collection :
– Un Arca boucle dans une belle patine verte et un modèle Wilfrid avec insert en autruche de toute beauté.
Des modèles qui ne plairont, évidemment, pas à tout le monde mais qui font preuve, une fois de plus, d’une vraie personnalité.
Voilà pourquoi j’aime Corthay.