Gentlemen,
alors que nous sommes en pleine phase de finalisation de la troisième version de notre site qui devrait voir le jour d'ici quelques semaines et qui devrait constituer pour PG un tournant majeur en terme de design, d'ergonomie, de qualité typographique et de confort de lecture, nous avons également récemment décidé de nous ré-attaquer à quatre gros "morceaux" en terme éditorial : nos recommandations en matières de souliers (prêt-à-chausser), de costumes (prêt-à-porter), de chemises (prêt-à-porter et mesure) et d'accessoires (cravates, mouchoirs, chaussettes, bijoux) par gammes de prix.
En effet, nos trois articles de recommandations sur les souliers, les chemises et les costumes datant de plus de quatre ans, il devenait donc urgent, notamment pour mieux guider les nouveaux lecteurs qui nous rejoignent quotidiennement, de publier une version mise à jour de ces sélections qui restent parmi les articles les plus consultés de PG depuis sa création.
Alors bien sûr, parler de "mise à jour" de ces sélections après quatre ans de PG, plus d'un millier d'articles rédigés, des centaines de produits étudiés, des dizaines de voyages, de reportages et d'événements publics relève du doux euphémisme, surtout dans un marché de l'élégance masculine classique lui-même, re-doux euphémisme, en pleine effervescence...
Ce sont donc des sélections intégralement remaniées, mais également très élargies, que nous allons vous proposer dans chaque domaine et ce, dans le souci de refléter au mieux la richesse inouïe de l'offre actuelle et son impressionnant dynamisme.
D'ailleurs, et avant d'entrer de plain-pied, si j'ose dire, dans le premier chapitre de ces recommandations consacré aux souliers en prêt-à-chausser, nous nous devons de faire un constat, au demeurant plutôt réjouissant : nous seulement l'offre en matière de souliers, de costumes, de chemises et d'accessoires s'est considérablement étoffée ces quatre dernières années, mais la qualité globale des produits, tous domaines confondus, s'est également elle aussi très sensiblement améliorée.
Cette montée en qualité très nette est, selon moi, la conséquence claire et directe de deux phénomènes - très structurants - en cours :
- une concurrence intense tirant la qualité des produits vers le haut, avec des nouveaux entrants adoptant très volontiers des stratégies Better than Cheaper.
- et un niveau d'éducation des consommateurs en progression fulgurante.
Cette nouvelle concurrence ayant pour effet naturel, et très bénéfique, de recentrer le débat (et l'attention) sur le produit au détriment de la marque, les fabricants historiques n'ont alors plus d'autre choix que de monter, eux aussi, en gamme afin de contrer les nouveaux entrants promettant entoilage et roulottage à tous les étages.
Le niveau d'éducation des hommes en matière d'élégance personnelle connait, quant à lui, une progression tellement rapide qu'il met un autre type de pression sur tous les acteurs du marché qui se rendent bien compte que bon nombre de leurs vendeurs ou conseillers en savent désormais beaucoup moins que le nouveau client moyen, même dans des maisons de grande qualité et de grande réputation.
Nous sommes d'ailleurs, chez PG, de plus en plus souvent sollicités pour des interventions dans le domaine, qu'il s'agisse de la rédaction de guides d'élégance pour le compte de grande Maisons, de conférences sur la révolution sartoriale en cours lors de séminaires internes ou de Master-Class pour former les conseillers/vendeurs sur les fondamentaux de l'élégance masculine classique.
Notre sélection de souliers en prêt-à-chausser pour 2013 regroupe vingt deux maisons méticuleusement choisies et couvre une palette tarifaire la plus large de 130 à 1500 euros.
Attention, l'achat d'une paire d'embauchoirs n'étant pas une option pour nous, mais en étant une pour de nombreux chausseurs (surtout dans les premiers prix), il convient d'ajouter à toutes ces indications de tarif, le coût d'une paire d'embauchoirs de qualité correcte par paire de soulier, soit entre 30 et 60 euros.
En ce qui concerne le tarif moyen indiqué par Maison, veuillez noter qu'il s'agit bien d'un prix moyen, car de nombreuses maisons offrent plusieurs types de collections dont les tarifs peuvent varier du simple au triple en fonction du montage, du cuir ou du patronnage.
Voici notre sélection, classée par tarif dans l'ordre croissant.
Cette jeune maison, fondée en 2001 mais reprise il y a à peine deux ans par la famille Majorquine Albaladejo, célèbre pour sa marque Carmina ainsi pour ses cuirs Cordovan, est indiscutablement la sensation de ces deux dernières années en termes de promesse de rapport qualité-prix. Elle distribue ses collections de souliers via deux boutiques physiques (Madrid et Tokyo) ainsi qu'une boutique en ligne.
Avec une gamme "Casual", montée en Good-Year sur des semelles gomme, proposée à 130 euros et un coeur de collection classique, elle aussi montée en Good-Year mais cette fois sur semelle cuir, proposée à 160 euros, l'offre pléthorique et les tarifs ultra-serrés de Meermin impressionnent.
Fabriquées en Chine à Shanghai et finies à Majorque, ces deux gammes sont complétées par une offre "hand-welted" à 260 euros (l'offre la plus intéressante de la maison à notre avis), une offre "cousue norvégien" à 360 euros et une offre en Shell Cordovan à 320 euros.
D'inspiration clairement anglaise, les modèles sont sobres, les formes assez modernes, les constructions très honorables et les patronnages plutôt réussis. Evidemment à ce tarif la qualité des cuirs est moyenne, la solidité des semelles perfectible, le niveau de finition tout juste correct et le contrôle qualité irrégulier.
Mais le rapport qualité-prix reste excellent, avec, de surcroit, un service-client certes un peu "artisanal" mais de bonne volonté et très réactif.
Seul regret : l'utilisation abusive, en communication, de la filiation avec Carmina. Ce sont deux entreprises et deux productions séparées et pas du tout de la même qualité. Tradition-washing.
Les + : Le rapport qualité-prix, le choix, les formes sobres.
Les - : Les cuirs, les finitions, deux boutiques seulement (Madrid et Tokyo).
On ne présente plus la maison Loding, fondée il y a quinze ans sur la base du concept de produits dits de "de luxe accessible" proposés à prix unique.
Aujourd'hui forte de 66 boutiques (réseau de franchisés) en France et dans le monde entier (Hong Kong, Barcelone, Lausanne, Varsovie), l'enseigne Loding jouit d'une bonne réputation parmi les vrais amateurs de souliers (débutants et chevronnés) ayant un budget limité, mais ne voulant pas pour autant se priver du plaisir de choisir et d'acheter des souliers (relativement) bien dessinés et (plutôt) bien faits.
Loding constitue donc toujours, à 160 euros prix unique, une excellente porte d'entrée dans le monde hautement addictif du soulier masculin de qualité mais aussi (et surtout) une formidable offre pour , si j'ose dire, faire ses premiers pas, se forger son propre goût, gouter au formalisme d'un Richelieu, à la nonchalance d'un Derby ou à la décontraction sophistiquée d'un joli mocassin à plateau... sans se ruiner et en ayant donc le droit de se tromper.
Evidemment, à ce tarif, les cuirs ne sont pas exceptionnels même si la solidité et la longévité des Loding sont assez unanimement reconnues, pour qui saura les entretenir (très) régulièrement voire méticuleusement.
Le seul bémol concerne, à mon avis, les formes qui ont tendance, d'année en année, à s'étirer de plus en plus pour aboutir à certains modèles (mais seulement certains heureusement), flirtant dangereusement avec le mauvais-goût.
Une offre toujours aussi pertinente et qui fait preuve d'une belle régularité à tous les niveaux.
Les + : Le rapport qualité-prix, le choix, un réseau de boutique très bien réparti sur le territoire français.
Les - : Des cuirs de moyenne qualité, des formes récentes moins élégantes, un accueil inégal selon les boutiques (franchisées).
Markowski a littéralement déboulé sur le marché en 2007 sous l'impulsion d'une "figure" du monde du soulier masculin : Marcos Fernandez Cabezas, l'homme ayant lancé Bowen, relancé Doc Martens en France, rénové le style de Paraboot et créé Emling.
L'idée de l'infatigable Marcos Fernandez (qui créera deux ans plus tard Septième Largeur, cf infra, avant de revendre Markowski en 2012) était simple et séduisante : proposer au client final des souliers de qualité à "prix de gros" (soient deux fois moins chers), en éliminant tous les intermédiaires (les grossistes, les agents) et en réduisant au maximum les frais de structure en vendant uniquement en ligne (et dans une boutique/bureau/stock dans un quartier populaire de Paris).
Il a résulté de cette approche radicale une offre, à l'époque, en tous points remarquable (pour cette gamme de prix s'entend) qui a immédiatement séduit une belle clientèle en quête de souliers classiques, aux formes contemporaines (dont la fameuse forme 169 qui, déclinée notamment en One-Cut et en Saddle, est objectivement très réussie), aux patronnages sobres et élégants, et aux tarifs quasi-miraculeux.
6 ans plus tard, malgré une qualité de cuir le plus souvent à peine passable et un contrôle qualité pas toujours au niveau, Markowski reste cependant à notre sens, une offre quasi-imbattable en termes de rapport qualité-prix, si toutefois les dits-prix arrêtent de grimper... car 60 euros d'augmentation en 6 ans sur une paire initialement vendue 135 euros, cela fait quand même 45% d'inflation (même s'il est vrai que le prix du cuir s'est lui aussi envolé ces dernières années, mais c'est un autre sujet).
En 2012, Marcos Fernandez cède la maison Markowski pour se consacrer à Septième Largeur qui était, jusqu'alors, une collection intégrée à Markowski proposant des modèles plus sophistiqués avec , notamment, des patines plus contemporaines.
Les + : Un rapport qualité/prix qui reste excellent.
Les - : Des cuirs de qualité moyenne, une qualité de finitions pouvant fluctuer, des ruptures de stock chroniques.
Loake est un fabriquant Britannique de souliers masculin, installé depuis la fin du 19ème siècle à Kettering (tout près de Northampton) et qui produit des souliers classiques et de qualité honorable dans des gammes de prix particulièrement placées.
Ici pas de génie, ni d'effort particulier pour créer des souliers originaux ou séduisants : les formes sont Anglaises et simples, les cuirs sont corrects et les constructions en Good-Year sont honorables, surtout sur la gamme supérieure baptisée "Loake 1880 premium", la seule à être encore fabriquée en Angleterre et facturée un très doux 199£ (soient 235 euros).
Les autres gammes oscillent entre 110 et 150 £, et proposent de beaux modèles classiques (dont un Semi-Brogue modèle 201, dans la gamme L1 Essentials, très convaincant pour 110 £, soient 130 euros environ : Semi Brogue Loake)
Loake constitue donc une bonne alternative pour les plus conservateurs d'entre vous et pour ceux qui ne jurent que par les souliers anglais (ce en quoi, ils n'ont pas forcément tort, surtout en termes de solidité).
Les + : Un produit sans génie mais sérieux et correctement fabriqué.
Les - : Des cuirs moyens, des formes très "lourdes", pas de présence physique en dehors de l'Angleterre.
Deuxième partie de l'oeuvre de Marcos Fernandez en faveur du beau soulier masculin abordable, la collection Septième Largeur s'est récemment muée en marque à part entière et propose en ligne, ainsi que dans ses deux boutiques parisiennes, des souliers classiques, de fabrication très honnête, avec de belles formes et des patronnages séduisants (dont certains modèles proposés "à patiner" pour 75 euros de plus).
Le cuir est globalement de qualité correcte et le niveau de finition très honorable (dont un cambrion en relief du meilleur effet pour qui aime exhiber ses semelles) dans cette gamme de prix très placée.
Une offre particulièrement pertinente car elle apporte indéniablement un supplément d'âme en termes de style que peu de maisons sont capables d'apporter en dessous de 250 euros.
Les + : Un excellent rapport qualité/prix/style.
Les - : Une qualité de cuir souvent aléatoire.
Avec Carmina, nous changeons de catégorie avec une maison en pleine évolution et qui pourrait bien devenir l'un des géants du soulier masculin classique de demain.
Unanimement saluée pour son indéniable savoir-faire de chausseur, la maison Carmina-Albaladejo (de Majorque donc) est en effet en train de prendre des positions très fortes sur le segment de marché-clé situé entre 300 et 400 euros avec de sérieux arguments : une qualité de cuir correcte, de jolies formes (la Simpson et la Rain en particulier), des patronnages très variés et surtout une fabrication très sérieuse.
Quant aux souliers en Shell Cordovan - la spécialité maison - proposés à 550 euros, ils sont de toute beauté et fleurent bon la qualité (mon coup de coeur personnel allant au Richelieu Rouge Rubi à bout rapporté sur forme Simpson que vous pouvez admirer ici : Carmina Shell Cordovan.)
Une bien belle maison, au demeurant très sympathique, et sans réel compétiteur dans cette gamme de prix.
Viva Espana !
Les + : Superbe rapport qualité-prix.
Les - : A priori quelques petits soucis de solidité des semelles, mais à confirmer.
La présence de Justin Fitzpatrick (l'Américian le plus British de Londres) dans cette sélection est autant due au parcours exemplaire du célèbre "Shoe Snob" qu'à la maturité (et à la qualité très honorable) de sa première collection qui n'était, jusqu'alors, disponible que chez Gieves and Hawkes (1, Savile Row).
Elève du regretté Stéfano Bemer (auquel le Richelieu Saddle rouge et noir ci-dessus rend hommage de manière directe), le jeune Justin développe en effet sa jeune marque avec sérieux, passion et dévouement. Fabriqués dans une petite usine espagnole, ces jolis souliers montés en Good Year sont travaillés sur trois formes classiques très "British" (dont une créée par Tony Gaziano) et proposent tous des patronnages élégants avec quelques jolis "twists" (des patronnages bi-matières, de jolies découpes balmoral, des médaillons originaux).
A noter, un joli mocassin "one cut" avec médaillon particulièrement réussi baptisé "Laurelhurst."
Petit scoop PG : Justin Fitzpatrick quittera Gieves and Hawkes à la fin du mois de janvier prochain pour s'installer dès février 2014 dans les locaux de la maison Timothy Everest (Boutique de Mayfair et Atelier de Spitalfields) où ses souliers seront désormais distribués. Une boutique en ligne est également en projet.
Les + : Un beau produit, bien réalisé, des patronnages "with a twist", des couleurs originales.
Les - : Des formes un peu trop classiques, une accessibilité des produits difficile (un seul point de vente et pas de boutique en ligne à ce jour, mais possibilité de commander par mail)
Altan est une petite maison Parisienne qui jouit d'une notoriété certaine parmi les passionnés de souliers à Paris, mais dont le travail mériterait sans doute une exposition et une audience plus importantes.
Très réputée pour fabriquer l'un des Richelieu à plastron parmi les plus élégants du marché (voir ci-dessus) et pour la qualité de l'accueil et du service du maître des lieux, l'affable et passionnant Samy Gouasmia, la maison Altan creuse tranquillement son sillon et fait plaisir, chaque jour, à de nombreux clients avec une petite gamme de souliers de bonne qualité montée en Good Year, fabriquée en Italie et intégralement proposée en cuir brut à patiner.
Ce sont d'ailleurs les patines-maisons généralement assez spectaculaires, qui ont fait la notoriété d'Altan, à une époque où, il y a quelques années, peu de maisons proposaient ce service qui change considérablement ce que les marketeurs appellent aujourd'hui "l'expérience client".
Une très jolie maison à considérer absolument pour toute personne ayant la possibilité de venir à Paris où Altan possède trois points de vente dont l'un dédié à la mesure.
Les + : Un style incontestable, des patronnages superbes, une bonne qualité générale et un fondateur très accessible et passionné.
Les - : Pas de point de vente en dehors de Paris, un site internet très fouilli et d'un autre temps.
Heschung est une auguste maison Alsacienne qui jouit d'une réputation désormais mondiale pour la qualité impeccable de ses fabrications, pour sa maîtrise parfaite du cousu norvégien et pour la longévité de ses produits.
Evidemment, les formes et les patronages maison sont majoritairement "outdoor", ce qui réserve les Heschung à une utilisation casual ou de plein air (les autres gammes plus urbaines étant encore très nouvelles).
Pourtant, la maison Heschung possède en son sein une pépite. Le soulier parfait de week-end en extérieur. Un modèle emblématique que tout amateur de soulier de plein air se devrait de posséder un jour : le célébrissime modèle Gingko qui constitue, dans cette gamme de prix, la "hunting boot" ultime.
Souvent proposé dans de très belles combinaisons bi-matière, le Gingko a incontestablement de l'allure tandis que ses qualités de confort, de solidité "tout-terrain" et de durabilité sont unanimement reconnues.
Gingko forever.
Les + : Un cousu norvégien fabuleux, une solidité excellente.
Les - : Un seul modèle vraiment convaincant auquel il est, en revanche, très difficile de trouver le moindre défaut...
Vass, maison fondée à Budapest en Hongrie par le bottier éponyme, est une maison qui fait beaucoup parler d'elle depuis quelques années et qui a récemment acquis, notamment grâce aux fora anglo-saxons, une belle notoriété parmi les amateurs (et connaisseurs) de souliers du monde entier.
La raison de cet engouement pour Vass est simple : la maison Hongroise propose des souliers intégralement faits main à moins de 500 euros.
Les formes maison restent très classiques, avec, évidemment, une mention spéciale pour la forme U, développée par le génial Roberto Ugolini, et qui est devenue l'une des formes emblématiques de la maison. Les patronnages, quant à eux, sont élégants et les cuirs plutôt corrects.
Evidemment, les finitions d'une paire de Vass faites main sont perfectibles (c'est la loi du genre), mais le rendu global ne manque généralement jamais d'allure.
Le revers de cette belle médaille concerne le contrôle qualité - et plus globalement l'organisation - assez aléatoire pour une maison de cette réputation. Vass est donc l'exemple type d'une petite maison montée aux nues par les fora mais qui a parfois quelques difficultés pour faire face à une demande de plus en plus importante et surtout beaucoup plus exigeante.
Ceci étant, lorsque des souliers Vass sont réussis (et ils le sont très souvent), ils développent un charme et un caractère époustouflants.
Les + : Le rapport qualité-prix, Le charme du fait-main, l'allure des modèles, la gentillesse de Monsieur Kuti (le directeur des ventes).
Les - : Des finitions parfois un peu grossières (roulette, petit point), Un contrôle qualité encore perfectible et des ratés logistiques (malgré une bonne volonté évidente).
Une valeur sûre. Voilà la formule qui vient à l'esprit de tout connaisseur de beau soulier lorsqu'il est question de Crockett and Jones, maison fondée en 1879 à Northampton et dont la manufacture est la deuxième plus grande de la région (après celle de Church's).
Les souliers Crockett and Jones sont de beaux souliers Anglais, à la fabrication très sérieuse, aux formes classiques et aux patronnages élégants et discrets. L'intemporalité de tous les modèles emblématiques de C&J (Chelsea, Connaught, Pembrook) fait qu'un jour ou l'autre, tout amateur de beaux souliers possède ou possèdera une paire de Crockett.
Deux niveaux de gamme sont proposées, la "main line" tarifée aux alentours de 400 euros et la "hand grade" aux alentour de 550 euros (de nombreux connaisseurs restant d'ailleurs dubitatifs sur la réelle valeur ajoutée des opérations main justifiant 150 euros de plus, mais c'est un autre sujet...)
Une valeur sûre, indeed.
Les + : La qualité objective et ressentie, la régularité, la discrétion, l'étendue des gammes.
Les - : Peut-être un léger manque de personnalité, mais c'est évidemment très subjectif...
Autre manufacture installée à Northampton, la maison Alfred Sargent produit des souliers Anglais de tradition depuis quatre générations. Son nom était, jusqu'il y a quelques années, quasiment inconnu du grand public (elle fabriquait principalement des souliers pour d'autres).
Depuis quelques années cependant, et après avoir traversé une période difficile qui faillit lui être fatale, Alfred Sargent semble retrouver un nouveau souffle avec, notamment, une montée en gamme de la production elle-même (la présence d'une ligne de production Gaziano & Girling au sein de la manufacture pendant des années y étant sans doute pour quelque chose...) et un vrai travail stylistique sur la collection maison.
Il en résulte de bien beaux souliers Anglais avec un petit supplément d'âme comme le très beau Richelieu à plastron et à bout rapporté Moore (ci-dessus), dont le pincé au niveau du cambrion n'est pas sans rappeler le style de Tony Gaziano (en moins fin évidemment).
Une belle maison pouvant s'avérer être une bonne alternative pour les amoureux du style Anglais à la recherche d'un soulier cependant légèrement moins "understated".
Les + : Une belle fabrication Anglaise avec un petit supplément d'âme, le réseau Mandfield et Bowen en France.
Les - : Une offre tarifaire illisible (avant Manfield), des produits difficile à trouver (avant Manfield).
Marc Guyot ne fait jamais rien comme les autres, et encore moins les souliers.
Et la raison pour laquelle les souliers de Guyot ne jouissent pas de la notoriété qu'ils mériteraient (notamment hors de nos frontières), c'est que Marc Guyot, dans son souci obsessionnel de revisiter l'âge d'or du style masculin (années 30 à 50) a une fâcheuse tendance à avoir un coup d'avance et donc à arriver parfois un peu trop tôt avec certains patronages... Ce fut, par exemple, le cas avec la bottine Balmoral que Guyot avait relancée bien avant tout l'engouement qu'elle génère aujourd'hui.
Les montages Blake sont corrects, les cuirs de qualité honorables, mais l'essentiel est ailleurs : les patronnages superbes (semblant directement sortis d'illustrations de Lawrence Fellows) donnent aux souliers Marc Guyot une personnalité vraiment unique (voir le Richelieu ' années 30 ' ci-dessus).
Les souliers de Marc Guyot ne sont pas faits pour tout le monde, mais séduiront un jour ou l'autre toute rétine intéressée par l'élégance masculine classique.
Les + : Le style, les patronnages, la finesse de modèles.
Les - : Une durabilité perfectible, un stock irrégulier, une disponibilité souvent limitée.
Vous ne manquerez pas de noter que Santoni est la seule maison Italienne à apparaître dans cette sélection alors que, paradoxalement, l'Italie fabrique des souliers pour la terre entière (et surtout pour les méga-marques de prêt-à-porter) et que le pays regorge, par ailleurs, de bottiers et de chausseurs géniaux (Ugolini, Bestetti, Meccariello) mais dont les produits sont difficilement accessibles car ces Maisons sont souvent très mal organisées... Mais c'est un autre sujet à part entière.
Santoni est un chausseur Italien qui fabrique des souliers de bonne qualité, majoritairement en montage Blake mécanique avec finitions main, qui sont surtout reconnus pour leurs lignes très effilées et parfois spectaculaires. Dans le registre, l'entreprise est allée très (trop) loin, jusqu'à se fourvoyer avec des modèles indignes d'elle que ce soit en termes en design ou de qualité de construction (sans parler des cuirs).
Depuis quelques années cependant, Santoni semble cependant enfin calmer ses ardeurs "high-fashion", remettre de l'ordre dans des collections incohérentes et revenir à des formes plus sobres (avec même du Good Year sur certains modèles) et, au final, très élégantes, dont ce Richelieu à bout rapporté particulièrement réussi : Oxford Cape Toe Santoni.
Une maison qui peut redevenir intéressante en termes de style, mais dont la qualité des cuirs a toujours fait l'objet de nombreux débats parmi les amoureux de beaux souliers Italiens.
Des produits à choisir et à manier avec discernement donc. Mais une belle Santoni restera toujours une belle Santoni...
Les + : Un style indéniable, l'esprit italien.
Les - : Des cuirs à la qualité irrégulière, certaines gammes "fashion" de mauvais goût.
Sérieux. Solidité. Discrétion. Elégance.
Les produits de la maison J.M. Weston sont sans aucun doute parmi ceux qui recueillent le plus d'éloges (et le moins de critiques, une exception!) parmi les communautés d'amateurs de très belles chaussures en France et dans le monde entier.
Et c'est sans aucun doute très mérité tant l'entreprise de Limoges ne manque pas d'atoûts exceptionnels comme celui, unique au monde, de posséder deux tanneries, l'une pour les cuirs des semelles et l'autre (au Puy en Velay, rachetée au bord de la faillite en 2011) pour les tiges.
Les collections Weston sont toujours habilement organisées autour des quatre ou cinq modèles emblématiques voire iconiques de la maison (les derbys ville, demi-ville, chasse et golf, les mocassins 180) auxquelles de très belles collections plus contemporaines - dont la très belle "Graphic" - sont venues, au fil des années, se rajouter sous l'impulsion de Michel Perry, un directeur artistique au goût très sur et qui officie aux manettes du style maison depuis 2001.
Alors que le "Made in France" est en passe d'être galvaudé à force d'être mis à toutes les sauces, ce sont des maisons comme J.M. Weston, et uniquement celles-ci, qui lui donnent ses vraies lettres de noblesse.
Weston au Panthéon.
Les + : Une qualité irréprochable, des classiques intemporels.
Les - : Franchement pas faciles à trouver (si ce n'est que je ne comprends toujours pas cet engouement pour le 180 qui est le soulier qui raccourcit le plus les pieds au monde !!)
Sans doute l'une des trois maisons dont on parle le plus actuellement dans le petit monde du soulier (très) haut de gamme.
Dean Girling et Tony Gaziano sont deux bottiers-formiers Britanniques ayant fait leurs armes chez les plus grands, de Green à Cleverley et de Lobb à Foster and Son. Ils ont créé en 2006 la maison Gaziano & Girling avec une idée simple en tête : rafraichir le monde très conservateur du soulier Anglais haut de gamme avec des collections "classic with a twist" fabriquées dans les règles de l'art mais avec un "flair" plus contemporain.
Ainsi les collections G&G, hier fabriquées sur une ligne dédiée chez Alfred Sargent et aujourd'hui dans une toute nouvelle usine en propre ouverte l'année dernière à Kettering tout près de Northampton, sont-elles très vite devenues les véritables coqueluches de toute une génération de passionnés d'élégance classique contemporaine.
Cet engouement très rapide des communautés de passionnés n'est cependant pas usurpé, car G&G a de sérieux arguments à faire valoir avec des collections très sophistiquées, des formes d'une élégance inouïe et des détails techniques du plus haut niveau (lisses rondes, cambrions très pincés, roulette superbe, petit point).
Que ce soit en Bespoke (à partir de 3000£), en MTO ou en prêt à chausser, les produits Gaziano & Girling semblent donc , à ce jour, amplement mériter la magnifique réputation dont ils jouissent désormais.
Leur toute première boutique sur Savile Row est - enfin - en train d'ouvrir ses portes et Tony Gaziano est objectivement un type formidable avec un état d'esprit impeccable.
What else ?
Les + : Des souliers superbes, une belle personnalité, une fabrication excellente.
Les - : Pas grand chose à se mettre sous la dent ni sous la roulette...
Cette honorable maison de Northampton, quasiment vénérée par une communauté de fidèles, représente sans aucun doute la quintessence du bon goût et de la qualité Britannique en matière de souliers masculins.
Après un passage difficile juste après le décès de John Hlustik (son talentueux propriétaire et styliste) et quelques errances stylistiques bien vite oubliées, la maison Edward Green est bel et bien redevenue elle-même depuis quelques années sous l'impulsion d'Hilary Freeman, l'épouse du regretté Hlustik, qui a décidé de revenir à l'essence du style maison : des souliers d'un classicisme absolu, d'une élégance éminemment discrète et surtout, d'une qualité de fabrication impeccable. Les cuirs sont beaux et solides, les finitions fabuleuses et les patronnages, même s'ils ne prennent jamais de risques, sont toujours de bon goût.
Notez bien qu'en ce qui concerne EG, classicisme ne veut en aucun cas dire ennui et que certains modèles sont particulièrement excitants, comme, par exemple, les Spectator Shoes "Malvern" (une spécialité maison) qui crèvent l'écran surtout en version bicolore et/ou bi-matière.
Une maison dont le secteur ne peut se passer. Des souliers dont les vrais amateurs se doivent de posséder un jour ou l'autre, une paire.
Les + : Un produit impeccable, des finitions excellentes, un classicisme absolu.
Les - : Je ne vois pas.
Dire qu'Aubercy est une maison à part relève du doux euphémisme, car dans la famille Aubercy on ne fait jamais rien tout à fait comme les autres, surtout quand il s'agit de la passion, voire de l'obsession familiale : la fabrication de souliers haut de gamme pour les hommes.
Fondée en 1935 (et occupant toujours le même point de vente rue Vivienne), Aubercy produit des souliers artisanaux d'une élégance indéniable et d'une qualité technique réelle. Ces derniers sont fabriqués depuis de nombreuses années dans le même atelier familial Italien (avec Aubercy, c'est toujours une histoire de famille...) dans lequel Aubercy possède sa propre ligne de production, ses propres formes, ses propres matières et ses propres méthodes.
Ainsi la maison a développé dans son atelier Italien différentes techniques de montage utilisées en fonction des modèles (Blake, Good-Year, Cousu Norvégien et Cousu Trépointe à la main) et a même mis au point un intéressant montage "hybride", mixant Good-Year sur l'avant et Blake sur l'arrière de certains modèles, afin d'affiner la silhouette du soulier au niveau de la cambrure.
Il en résulte une gamme de souliers mixant des modèles d'un classicisme époustouflant (dont le modèle James ci-dessus, un Richelieu à bout rapporté d'une fulgurante simplicité) et d'autres résolument audacieux avec des patronnages asymétriques (dont certains sont assez déstabilisants, y compris pour votre serviteur, assez amateur de symétrie en matière de souliers).
Une maison étonnante, attachante (quand on a compris comment s'y prendre avec Odette, qui au delà d'un premier contact assez "rustique", s'avère être une femme charmante, attachante et très drôle) et même, à certains égards, émouvante, pour qui aura eu la chance de voir la famille réunie au grand complet (avec Philippe, le père, toujours aussi vert lorsqu'il s'agit de parler de souliers)....
Une maison de qualité, très attachante, dirigée par une famille vraiment amoureuse des beaux souliers et qui mérite une audience bien plus large que celle dont elle jouit actuellement.
Les + : Des souliers à forte personnalité, très chics et souvent très originaux.
Les - : Quelques patronnages un peu "too much", mais c'est subjectif.
John Lobb est la maison de souliers masculins de tous les superlatifs. C'est aussi l'une des (deux) seules maisons du domaine faisant vraiment l'unanimité parmi les amateurs et les connaisseurs ce qui, croyez-le bien, est une performance...
Créée en 1866 à Londres, installée à Paris depuis 1903 et rachetée par le Groupe Hermès en 1976, la maison Lobb introduit le prêt-à-chausser dès 1982 avant d'ouvrir sa manufacture à... Northampton en 1994, où sont désormais fabriquées - à la main - les magnifiques collections Lobb dont de nombreux modèles sont directement inspirés des créations Bespoke de l'atelier de la Rue Mogador, sans doute le plus bel atelier de souliers sur mesure au monde.
Les collections regorgent de modèles classiques emblématiques - le double boucle William, le mocassin Lopez - ainsi que de créations plus contemporaines afin de rendre la marque accessible (au moins en termes de style) à tous les amateurs de souliers de très haut niveau.
Ne pas manquer le sublime Richelieu Philip II (photo ci-dessus) ou encore le Saunton qui est, à mon sens, l'un des plus beaux Richelieu qui soit : John Lobb's Saunton.
Les cuirs sont sans doute parmi les plus beaux et les plus qualitatifs du marché (merci Hermès) et la fabrication ne souffre d'aucun bémol.
La concrétisation de la notion "d'élégance intemporelle". Un sommet du soulier masculin classique.
Les + : Des souliers de grande classe, les plus beaux cuirs du marché, une vraie culture bottière.
Les - : Néant.
Pierre Corthay fait partie (avec Tony Gaziano notamment) des héros de la renaissance actuelle que connait le marché du soulier masculin de luxe.
Célèbres, et célébrés, dans le monde entier par une clientèle de gentlemen passionnés, les souliers Corthay sont reconnaissables entre tous par des lignes, des formes et des patronnages uniques qui sont venus littéralement "bousculer" le monde très conservateur (à l'époque) du soulier pour hommes.
Le modèle Arca (ci-dessus), sublime derby deux oeillets et modèle emblématique de la maison de la rue Volney, est l'archétype du style Corthay : une ligne stupéfiante, un patronnage immaculé et superbe (avec cette fameuse languette !!) et un bout absolument renversant (avec ce petit plongé très doux).
Après avoir connu des moments (très) difficiles il y a quelques années, l'entreprise connait aujourd'hui, sous l'impulsion de Xavier de Royère et de son équipe, un second souffle et une expansion sans précédent avec l'ouverture de boutiques en propre dans le monde entier (Londres, Hong Kong, Dubai, Tokyo).
Fabriqués dans la manufacture maison installée en banlieue Parisienne (dont le contrôle qualité s'est considérablement amélioré depuis 2 ans), les modèles prêt-à-porter de Corthay font aujourd'hui l'objet d'un engouement international pour leur personnalité unique, qui est sans doute, et de loin, la plus "Dandy" du marché.
La Formule Un du soulier masculin.
Les + : Des souliers à très forte personnalité, des formes d'une pureté inouïe, une fabrication (enfin) impeccable.
Les - : Un manque de nouveautés. Nous attendons tous beaucoup plus de Corthay sur le sujet.
Saint Crispin's est une maison Autrichienne (à l'origine une maison de Bespoke) installée à Vienne et qui possède depuis de très nombreuses années, un atelier artisanal en Roumanie où 19 ouvriers travaillent, uniquement à la main, à la production de souliers masculins d'une qualité et d'une technicité rarement atteintes en dehors du strict Bespoke traditionnel.
Car même si nous parlons, dans cette sélection, de prêt-à-chausser uniquement (le Bespoke et le MTO feront l'objet de sélections spécifiques), les souliers Saint Crispin's que nous avons vus et essayés répondent tous aux critères de qualité du plus haut niveau : des souliers intégralement faits main, dans des cuirs de belle qualité (pas ceux de Lobb tout de même), avec une qualité de montage et de finitions impressionnantes, des patronnages parfois assez audacieux et des formes, certes assez classiques, mais de bon goût.
L'originalité de Saint Crispin's est que l'atelier produit tous les souliers à l'unité (aucune série) en fonction des commandes et que pour le client final, il n'y a aucune différence de prix entre le prêt-à-chausser et le "made-to-order" : si un modèle vous plait, mais que vous le souhaitez dans un autre cuir mais également avec un autre patronnage et d'autres détails de finitions, le soulier sera fabriqué pour vous en 10 semaines et sans surcoût.
Une approche du soulier haut de gamme complètement différente que nous pourrions qualifier de "Bespoke sur formes standards modifiables".
Bien vu, bien joué. L'un des noms à suivre de très près.
Les + : Un produit fabuleusement qualitatif, une expérience proche du Bespoke.
Les - : Comme le MTO est au tarif du prêt-à-chausser (où l'inverse), les distributeurs ont souvent peu de stock (10 semaines de délai donc).
Berluti est, sans aucune contestation possible, la marque de souliers déchainant le plus les passions, les commentaires, les diatribes autant que les panégyriques et les débats, souvent houleux, entre supporters et détracteurs de la maison de la rue Marbeuf.
Et il y a une explication simple à cela : l'émotion.
Les souliers Berluti, qu'on le veuille ou non, génèrent et véhiculent en effet une dimension émotionnelle que l'on ne retrouve nulle part ailleurs. Quiconque a déjà eu la joie (et l'émotion donc) de marcher dans une paire de Berluti comprendra aisément ce que dont je parle : cette impression de porter des bijoux plus que des souliers et d'être, instantanément, au meilleur de soi-même...
Devenue célèbre sous l'impulsion de l'inénarrable Olga qui a littéralement ré-inventé le marché du soulier masculin haut de gamme avec l'introduction, dans les années 80, de formes, de patronnages et de patines jamais vues à l'époque, la maison Berluti offre une gamme de souliers à la personnalité unique (et immédiatement reconnaissable), au patronnages superbes et au style extrêmement raffiné.
A posséder absolument une fois dans sa vie, le one-cut Alessandro : Oxford Alessandro
Des souliers certes parfois très fragiles (surtout en cas de pluie...) mais d'une classe époustouflante. Tout le reste n'est que commentaire.
Les + : Une personnalité unique, des patronages et des patines exceptionnels.
Les - : Fragilité. Des souliers qui ne se portent pas n'importe quand ni n'importe comment.
Evidemment cette sélection, même si elle est le fruit d'un travail méticuleux et de plus de 5 ans d'observation du marché, reste éminemment subjective - c'est d'ailleurs son intérêt - et aurait pu accueillir au bas mot une bonne vingtaine de maisons supplémentaires que nous n'avons pas intégrées pour différentes raisons :
- Soit parce que l'offre est encore trop jeune et que son accessibilité est encore trop incertaine. C'est le cas, par exemple, de Paul Bolten et de ses forme très créatives mais dont la disponibilité reste encore plus qu'aléatoire...
- Soit parce que le "tradition-washing" est utilisé de façon exagérée. C'est le cas pour Wildsmith, légendaire maison de souliers Britanniques, qui se targue d'avoir inventé le mocassin, alors que cette maison vient juste d'être rachetée par des personnes n'ayant rien à voir avec la famille. C'est dommage car les souliers sont beaux et bien faits (chez Sargent).
- Soit par que les formes ne correspondent pas à l'idée que nous nous faisons ici de l'élégance masculine. C'est le cas pour Allen Edmonds (bons souliers mais formes très lourdes), ou pour Alden, à l'exception de ses fabuleuses "Tanker Boots" en cuir Cordovan...
- Soit parce que les produits, même magnifiques, sont inaccessibles en Europe et aux USA. C'est le cas de toutes les maisons Japonaises comme Perfetto (et ses bottines balmoral ahurissantes), Otsuka ou Spigola.
Et puis il y a le cas de l'Italie qui génère, aujourd'hui encore, les plus grands génies de l'art bottier (Ugolini, Bestetti, Meccariello) mais dont les entreprises semblent incapables, à ce jour, de se développer à l'international pour des raisons d'organisations désastreuses et d'histoires de familles en tous genres (comme pour Bontoni, des souliers superbes, mais disponibles uniquement aux USA parce que la famille refuse la diffusion du prêt-à-chausser en Europe).
Un vrai crève-coeur, d'autant de Riccardo Freccia Bestetti, sans doute l'un des bottiers les plus doués au monde, annonce une collection en prêt-à-chausser depuis déjà deux ans et que seuls quelques modèles semblent être sur le marché, mais... en Corée uniquement !
J'espère que ce tour d'horizon vous sera utile pour, évidemment, trouver belle chaussure à votre pied.
Cheers, HUGO