Gentlemen,
nous vous avons présenté hier dans ces colonnes, un merveilleux modèle issu de la collection Spirit of Capitals de John Lobb.
Aujourd'hui, nous décidons finalement de vous montrer la gamme dans son ensemble, car après l'avoir étudiée en détails, une chose très importante nous a tout à coup sauté au visage et vient quelque peu "abimer" la belle histoire qui nous est racontée sur ce projet.
Ce qui nous est présenté comme un bel acte artistico-artisanal, un projet bottier noble d'une maison vénérable, n'est en fait qu'un fabuleux coup de marketing, intelligent, bien réalisé, mais, au final, assez grotesque... Je m'explique.
Voici comment cette belle histoire nous est "vendue" (je pèse mes mots) par John Lobb sur le site officiel de la maison :
«Imaginez la paire de John Lobb qui incarne l’esprit de votre ville, nous en serons les artisans. C’est au détour d’une conversation sur Londres et New-York que vint l’idée. New-York, cette ville que l’on connaît sans même l’avoir visitée, Londres la cosmopolite, si changeante. Et si nous imaginions des modèles qui rendent hommage aux capitales du monde, à ces villes qui, même éloignées, nous sont souvent familières? Capturer l’esprit de chacune de ces capitales, de ses multiples facettes, pour chausser l’homme qui s’y affairera. Ainsi, le défi fut lancé».
Jusqu'ici rien à dire. Rendre hommage aux grandes capitales du monde par un modèle qui "capte" l'esprit de ces cités est, objectivement, un beau projet. Et dans ce texte, les deux capitales citées sont, évidemment, indiscutables et laissent place au rêve et à l'imagination.
Là où l'histoire commence à être (beaucoup) moins belle, c'est lorsque l'on regarde la liste des "Capitales du Monde" sélectionnées... Reprenons le même texte avec certaines d'entre elles pour bien vous montrer notre "inconfort" conceptuel :
«Imaginez la paire de John Lobb qui incarne l’esprit de votre ville, nous en serons les artisans. C’est au détour d’une conversation sur Dubaï, Taipei, Hong Kong et Séoul que vint l’idée...»
Evidemment, d'un seul coup, l'histoire devient beaucoup moins noble, car Dubaï l'ostentatoire ou Hong Kong la financière, font un peu "tâche" au sein d'une histoire aussi bien contée...
Sur les 11 emblématiques Capitales du Monde sélectionnées par JL, cinq d'entre elles font partie des nouveaux eldorados des grandes maisons de souliers (dont pas moins de 4 asiatiques).
Car franchement, si l'on comprend bien que Dubaï et Taipei sont des villes importantes en termes de business, l'on est en droit de se demander comment, avec un tel emballage sémantique, des cités comme Rome, Madrid, Berlin ou Vienne ont pu être "oubliées"...
Evidemment nous ne remettons pas en cause ici la qualité ni la beauté des modèles qui ont été conçus. Nous sommes juste quelque peu déçus qu'une maison comme JL Paris puisse encore prendre les amateurs de beaux souliers pour des consommateurs de base en tentant de nous vendre une campagne marketing, certes sophistiquée, comme une belle histoire bottière dont le but est "de rendre hommage aux grandes capitales du monde"... La vénérable maison aurait peut-être au moins pu préciser que son hommage allait "aux capitales dans lesquelles JL était présent ou souhaitait se développer".
Nous sommes donc un peu navrés de la démarche, quelque peu grotesque et sur-vendue, même si nous reconnaissons que la collection est vraiment très réussie.
Chez PG, nous aimons trop John Lobb pour ne pas leur dire ce que nous ressentons : nous nous sommes faits un peu "bernés" (au sens propre comme au sens figuré).
Dubaï
Genêve
Hong Kong
Londres
New York
Paris
Pékin
Séoul
Taipei
Tokyo
Cheers, HUGO