Chercher l’originalité à tout prix est un écueil qu’il vaut mieux éviter. D’aucuns disent d’ailleurs que l’élégance s’arrête quand on la remarque : un bien bel axiome qui, malheureusement, ne s’applique pas tout à fait au monde de la parfumerie.
Car s’il convient, bien sûr, de ne pas asphyxier son voisin de siège dans le métro ou son chauffeur Uber avec une cologne senteur cardamone / cèdre / cake aux anchois, certes originale mais bien trop avant-gardiste pour notre millénaire, un parfum qui passe désespérément inaperçu vaut à peine mieux.
Trouver son parfum, c’est trouver des notes qui complètent son style et sa personnalité, mais c’est aussi trouver l’équilibre entre l’envie (toute naturelle) de projeter le meilleur de soi-même et le délire narcissique.
Un parfum, c’est quelque chose d’envahissant. C’est même le seul élément de style qui s’invite sans gêne dans l’espace personnel de vos interlocuteurs.
Il convient donc de faire preuve d’un certain respect. Après tout, l’on ne se parfume jamais uniquement pour soi.
Quand la situation ou les circonstances l’exigent, comme dans un environnement fermé (un bureau par exemple) il convient d’opter pour un parfum portable, appréciable par la majorité et non agressif.
Dans cette catégorie, si de nombreux best-sellers sauront faire l’affaire, pour l’élégant qui n’apprécie pas forcément de reconnaître son parfum porté par une demi-douzaine de collègues chaque jour, il existe des solutions.
Voici donc une petite sélection de 3 parfums, remarquables de personnalité, pour ceux qui souhaitent se démarquer (discrètement) sur leur lieu de travail…
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Là où beaucoup de vetivers mettent le paquet sur la plante éponyme en accentuant son côté rugueux, amer et fumé, Vetyverio de Dyptique prend la tendance à contre-pied en proposant un vetiver plus vert, plus floral et, en définitive, plus portable et polyvalent que bien des compositions du genre.
L’ouverture est particulièrement fraîche : une explosion hespéridée très agréable et de courte durée, soulignée de quelques touches herbacées qui apportent du relief aux notes de tête.
Après dissipation des premières notes, le vetiver prend le devant de la scène, tempéré par un bouquet floral qui apporte à l’ensemble un bel équilibre entre la force du vetiver et la douceur du géranium, de l’iris, et d’un soupçon de rose.
La base, un cèdre musqué dans lequel se tapit une ambre discrète, structure le tout, pour une longévité très correcte.
Comme beaucoup de parfums de chez Dyptique, la progression y est linéaire et élégante. Pas de mauvaises surprises, c’est une garantie.
Si Vetyverio n’a rien de révolutionnaire, il n’en reste pas moins un twist intéressant et éminemment portable sur l’une des senteurs les plus intemporelles de la parfumerie.
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La maison florentine Lorenzo Villoresi propose avec Mare Nostrum l’un des parfums les plus frais de son beau catalogue : une fragrance résolument méditerranéenne, facile à aimer, facile à porter.
Un beau chypre, maritime et léger, s’ouvrant sur un accord bergamote / mandarine qui sent bon le propre et le soleil. Rien d’abrasif ici ; Mare Nostrum tape dans la Cologne d’été, florale et confortable.
Quand le jasmin et le narcisse s’ouvrent doucement à coeur, la dolce vitaméditerranéenne reprend ses droits et ce ne sont pas les notes de fond, ambrées, musquées et sensiblement boisées qui vont changer la donne.
Fermez les yeux, et imaginez un village méditerranéen en pierres blanches, en Crète ou en Sicile, entouré d’arbustes, baigné par le soleil et doucement caressé par la brise maritime. Voilà Mare Nostrum Aura Maris.
Une relative absence de sillage couplée à une bonne longévité à fleur de peau font de Mare Nostrum un parfum particulièrement facile à porter et à apprécier, sans pour autant faire traîner derrière soi un fil d’Ariane olfactif.
Délicieux, frais et masculin.
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Esprit du Roi n’est pas la fragrance la plus mémorable de chez Penhaligon’s et encore moins la plus typée. Esprit du Roi est un parfum relativement conventionnel dans ses grandes lignes.
Et pourtant, quel plaisir à porter !
Un beau boisé, frais et doucement floral. Un brin de feuille de tomate vient contraster l’approche hespéridée et mentholée des notes de têtes, qui s’ouvrent par la suite sur un accord floral ylang-ylang / géranium du meilleur effet, relevé d’un soupçon de clou de girofle et de quelques vapeurs de cardamone.
La base y est boisée et légèrement musquée, et l’aldéhyde ressort tandis que le parfum approche de la fin de sa progression. Esprit du Roi offre une belle durée de vie, doublée d’un bon sillage, sans être entêtant.
Il s’agit probablement du parfum le plus conventionnel de chez Penhaligon’s.
Dans une collection aussi typée que celle de la vénérable institution anglaise, c’est même un peu une bizarrerie – mais c’est une bizarrerie heureuse, pour ceux qui souhaitent pouvoir exprimer un soupçon de flegme britannique même dans le plus conservateur des milieux.
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