C’est une chose amusante que le goût.
Lorsque j'ai commencé à construire ma garde-robe, je ne jurais que par des pantalons plutôt serrés au mollet, avec une taille vaguement mi-haute. Et puis, je me suis mis en tête des images de vieux livres de coupe. J'ai regardé des classiques d'Hollywood. J'ai vu des photos de personnes en costume qui n'avaient jamais entendu parler du sartorialisme ou de ses standards. Et soudain, j'ai pris en horreur cette silhouette faussement ample à la cuisse, très ajustée en bas : celle qui peuplait mon dressing, celle que l'on trouve chez beaucoup de marques de PAP et parfois même en demi-mesure.
Alors, j'ai bondi d'un extrême à l'autre : j'ai pris des pantalons amples. Très amples. Peut-être trop au vu de ma taille. Je me suis habitué à cette fluidité du tombé quand je marchais. J'ai aimé voir le tissu se froisser et se déplier à chaque mouvement. Je ne voulais pas me retrouver sans cesse à tirer dessus pour qu'il tombe, je voulais qu'il soit absolument vertical quand je me tenais immobile, bref, que le vêtement ait une vie. Qu'il soit opulent, généreux, tout sauf moderne. Finalement, j’aimais cette cassure, cet accident qui se produisait sur la chaussure.
En somme, j'ai voulu mettre de la vie dans tout cela. Un peu moins de scrupule. Que le pantalon soit juste quelques centimètres trop large ou trop long. Que mes cols de chemise soient froncés, les bords de manche légèrement usés, les chaussures égratinées par l'usage. J'adore à présent froisser mes vestes et glisser ma cravate dans mon pantalon - les deux pans. Pourquoi passer sa vie à tout ajuster, à tout calibrer, tout calculer ?
Crédit photo : @agathevb_photo