Gentlemen,
dans son livre du courtisan de 1528 (Il Libro Del Cortegiano), Baldassare Castiglione parle avec insistance de ce qui fait, selon lui, la vraie différence entre les élégants de l'époque. Et cette différence porte un nom : la Sprezzatura (littéralement "la nonchalance"). Avoir la "sprezzatura", c'est faire en sorte qu'autrui ne s'imagine pas le soin et les efforts qui se cachent derrière une mise élégante. C'est faire croire à autrui que votre tenue flamboyante n'est ni calculée, ni travaillée, mais qu'elle a été conçue sans le moindre effort, de manière naturelle. C'est, toujours selon les mots de Castiglione, "le vrai art qui ne semble être art".
Cette idée de la sprezzatura a traversé les siècles et nous avons tous à l'esprit de nombreux exemples qui l'illustrent à merveille. Prenons aujourd'hui l'exemple de deux acteurs stars d'Hollywood des années 40 qui étaient tous les deux des parangons d'élégance : Adolphe Menjou et Gary Cooper.
Cooper est un monstre de sprezzatura tandis que Menjou, quoique magnifiquement mis, n'a pas cette nonchalance magique. D'ailleurs si Cooper était invité en 2009 dans une soirée parisienne, nul doute qu'il serait encore le centre de toutes les attentions, alors que Menjou, dans les mêmes circonstances, serait perçu comme une relique et ferait sourire par son ultra-sophistication évidente.
La sprezzatura est la clé Gentlemen. Mais que l'on ne s'y trompe pas : atteindre une certaine forme de nonchalance demande, paradoxalement, énormément de culture sartoriale et donc de travail. Cela participe d'ailleurs de la même idée que celle consistant à admettre qu'avant de pouvoir se forger un vrai style personnel et de "casser les règles", il faut d'abord connaître et maîtriser ces règles sur le bout des doigts.
Chez PG nous nous sentons très proche de cette idée. C'est la raison pour laquelle nous allons continuer notre série sur les fondamentaux de l'élégance afin de pouvoir, petit à petit, trouver les clés de la nonchalance.
Cheers, HUGO