Elégance estivale et 35 mm

Agathe VIEILLARD-BARON
12/7/2024
Elégance estivale et 35 mm

L’été est une saison des plus ambivalentes : occasion pour les uns d’exhiber une garde-robe adéquate en villégiature, cauchemar sartorial pour d’autres qui hésitent à tomber la veste sous une chaleur torride. Quel que soit votre camp, nul doute que vous saurez trouver dans nos quelques conseils des inspirations pour l’été. 

Fermez les stores, laissez-vous aller dans votre fauteuil préféré, et savourez ces chefs-d'œuvres, tandis que le soir descend et que la bobine crépite derrière vous. 

Indiscrétions / The Philadelphia Story, George Cukor (1940) 

L’été est la saison des vacances, certes, mais aussi et surtout, des mariages - combien de questions ne se pose-t-on à l’instant de choisir lequel, du costume bleu ou de l’ensemble en lin, saura nous habiller sans nous étriquer ? Cette comédie romantique de Cukor présente les préparatifs d’un mariage assez particulier : la seconde union de Tracy Lord (Katharine Hepburn, magnifique, que nous avons déjà évoquée dans ces pages), jeune héritière orgueilleuse,  que son divorce d’avec C.K. Dexter Haven (extraordinaire Cary Grant) a laissé désabusée. Tout bascule quand son ex-mari embauche deux journalistes (dont un James Stewart idéaliste) pour faire échouer la fête. Les costumes s’enchaînent en même temps que les péripéties, le champagne de la jet-set se mêlant à la fraîcheur d’un farniente à l’américaine. 

Smoking, dépareillé et plongeons …
Poster promotionnel pour le film The Philadelphia Story. L’insolence des revers de James Stewart …
… Et les soirées difficiles de Tracy Lord (Katharine Hepburn). L’inspiration antique de la robe est contrebalancée par sa coupe moderne. 

Vacances romaines / Roman Holiday, William Wyler (1953) 

D’une Hepburn à l’autre, c’est au tour d’Audrey d’illuminer l’écran de ce classique de l’Âge d’or hollywoodien. La princesse Ann (Audrey Hepburn) et le reporter Joe Bradley (Gregory Peck) s’offrent une virée à l’italienne dans les rues de la ville millénaire. Le charme de la sprezzatura sous le soleil de Rome ...

De dangereuses balades en vespa… 
… ou de délicates promenades à l’ombre des églises (photographie promotionnelle pour Roman Holiday)

La célèbre costumière Edith Head est à l’origine des silhouettes impeccables de Peck et d’Hepburn - costume classique sans turbulences pour le premier, jupe légère et talons plats pour la seconde. 

Fenêtre sur cour / Rear Window, Alfred Hitchcock (1954) 

Un thriller incandescent où la torpeur de l’été le cède à l'immixtion progressive du soupçon ; inutile de présenter ce chef-d’oeuvre d’Alfred Hitchcock, dans lequel un photographe cloué sur sa chaise roulante observe ses voisins jusqu’à l’obsession, et jusqu’au crime.

Deux ambiances pour une soirée romantique… (photographie tirée du trailer du film)

Si la blessure de James Stewart le contraint à une allure quelque peu négligée, ce n’est pas le cas de Grace Kelly, sa compagne à l’écran, qui fait preuve d’une allure impeccable et d’un charme fou, dans une garde-robe signée - là aussi - Edith Head. 

Photographies tirées de la campagne de promotion pour le film Rear Window, 1954. A l’élégance de la robe de soirée s’oppose délicatement le choix de sandales à talons plus décontractées.

La Main au collet / To Catch A Thief, Alfred Hitchcock (1955)

Un autre chef-d'œuvre hitchcockien que ce “thriller romantique” qui a pour cadre la riviera française. 

L’affiche du film To Catch A Thief (1955) 

Le réalisateur retrouve ici son actrice fétiche, Grace Kelly, dans le rôle d'une délicieuse touriste américaine qui fait la connaissance de John “The Cat” Robie (Cary Grant), un cambrioleur à la retraite, tandis qu’un voleur rôde, dévalisant les riches plaisanciers… L’enquête est ici le prétexte d’un jeu, entre les apparences de la haute société qui profite d’une brillante villégiature, et les drames qui se jouent dès que la nuit tombe sur les palaces… 

L’audacieuse Frances (Grace Kelly), décidée à conquérir l’ex-cambrioleur John Robie (Cary Grant). La garde-robe pastel de l’actrice joue des matières légères et de la fluidité des étoffes pour évoquer l’ensoleillement et la chaleur de la Riviera. 

Plein Soleil, René Clément (1960)

Marie Laforêt, Alain Delon et Maurice Ronet se donnent la réplique dans un jeu de masques troublant. Tourné pour partie dans les environs de Naples ainsi qu’à Monte Ischia, ce thriller psychologique révèle, sous les apparences les plus brillantes, une singulière brutalité. 

Alain Delon et Marie Laforêt dans Plein Soleil (1960). Sous la terrasse, le crime…
 L’inspecteur Riccordi (Erno Crisa) face à Tom Ripley (Alain Delon)

Paris au mois d’août, Pierre Granier-Deferre (1966) 

Une histoire d’amour de vacances dans les rues désertées de la capitale, entre Charles Aznavour et Susan Hampshire. La douceur de la séduction et l’amertume de l’éphémère se mêlent dans les plans superbes d’un Paris fantôme devenu terrain de jeux.

Affiche du film 

La Piscine, Jacques Deray (1969)

La chaleur se fait étouffante dans ce huis-clos tropézien qui voit l’affrontement jaloux et amoureux de quatre personnages - Alain Delon, Romy Schneider, Maurice Ronet, Jane Birkin. Le long métrage est l’occasion des retrouvailles du couple Delon / Schneider, réclamées par l’acteur auprès du réalisateur. La musique de Michel Legrand accompagne les errances estivales et nocturnes des personnages, qui se dévoilent sous un soleil de plomb, sans abandonner jamais l’élégance faussement négligée de la riviera. 

Le Talentueux Mr Ripley / The Talented Mr Ripley, Anthony Minghella (1999)

Il fallait s’y attendre, au célèbre classique Plein Soleil succède son non moins exceptionnel rival dans l’adaptation du roman de Patricia Highsmith Mr Ripley (1955). Matt Damon, Gwyneth Paltrow et Jude Law s’y déchirent sous un ciel accablant, sans que la chaleur de la riviera italienne de Mongibello ne décourage les protagonistes de faire assaut d’élégance décontractée. 

Nous vous laissons quant à nous sur ces trois conseils : 

  • des films à voir et revoir à volonté
  • attention à l’abus de champagne
  • le lin est à consommer sans modération !
Photographie de Vera Allen, Dan Tobin, Katharine Hepburn et Lenore Lonergan dans l’adaptation au théâtre de The Philadelphia Story (1939)

Image de couverture : photographie tirée de la campagne de promotion du film Rear Window (1954).