*Cet article est une mise à jour d’un article publié dans PG en Décembre 2011.
Depuis plusieurs années, nous « militons » chez PG (doux euphémisme) pour que le costume croisé revienne en force dans vos garde-robes et pour que vous vous laissiez aller à tenter l’expérience très élégante et particulièrement valorisante du « double-breasted suit ».
Dans un article de The Rake d’il y a quelques années, G. Bruce Boyer – à notre avis l’un des auteurs les plus sûrs en terme de goût et de décryptage de l’élégance masculine classique – mettait résolument les « pieds dans le plat » en tordant le cou à certaines idées reçues, ainsi qu’à certaines « règles » qui limiteraient l’accès de ces très beaux costumes à certaines morphologies.
Sans entrer dans tous les détails de cet excellent article qui était intitulé « Double Indemnity », Boyer expliquait qu’aucun homme ne « devrait avoir peur du costume croisé, et ce, quelque soit sa morphologie » avant d’ajouter un salutaire « if you like it, wear it ! » (si vous l’aimez, portez le).
La seule limite de cet assaut journalistique plutôt réjouissant (pour ne pas dire jouissif) en faveur du costume croisé reste, cependant, celui de la qualité de la coupe. Car s’il est un élément de la garde-robe masculine qui ne souffre aucune coupe approximative, c’est bien le costume croisé qui, lorsqu’il est mal ajusté, peut vite devenir un désastre visuel. Ceci étant, comme les maisons de prêt-à-porter semblent se ré-intéresser assez massivement à ce type de costume, il redevient sans doute possible (avec l’aide d’un bon retoucheur et, sauf chez les grandes maisons, surtout pas le retoucheur de la boutique), de prendre soin de la ligne et de l’ajustement de vos costumes. Selon Boyer, seuls les hommes ayant des hanches TRES larges devraient éviter les costumes croisés…
Donc, une fois n’est pas coutume, oubliez un instant les « règles » qui dictent, par exemple, qu’un homme souffrant d’embonpoint devrait éviter ce type de coupe, et fiez vous à vos yeux (pour la ligne) et à votre ressenti (pour le confort et le maintien) lorsque vous revêtirez pour la première fois ce type de costume.
Ce retour en force du « DB suit » appelle donc, pour vous aider dans vos choix, un rapide décryptage des différentes manières de le porter, car là encore, contrairement aux idées reçues, il existe de très nombreux « modèles » de costumes croisés. Et ces différents « modèles » sont tous liés au nombre de boutons présents sur la veste et, surtout, au nombre de boutons dits « actifs ».
Pour ma part, je suis un fervent adepte du croisé, dont le classique 6 on 2 (6 boutons dont 2 actifs) comme vous pouvez le voir ci-dessous :
Le 6 on 2 présente donc 6 boutons, dont les deux boutons placés sur la poitrine sont légèrement décalés afin de suivre la courbe des revers en pointe (peak lapels).
Un autre exemple de 6 on 2 ci-dessous.
Le deuxième modèle le plus fréquent est le 6 on 1, qui consiste en 6 boutons (placés de la même manière que sur le classique 6 on 2) mais dont seul le bouton le plus bas est actif. Cette façon de porter le costume croisé a tendance à allonger la silhouette.
C’est devenu, depuis quelques années, mon modèle préféré surtout depuis que mon tailleur, Lorenzo Cifonelli, a mis au point un modèle de ce type dont la rangée des boutons actifs est positionnée un peu plus haut que la normale, comme vous pouvez le voir sur les trois modèles ci-dessous.
Hormis ces deux modèles classiques, de multiples autres combinaisons restent possibles dont certaines plutôt élégantes. Voici un exemple du 4 on 1, c’est à dire 4 boutons dont un seul actif.
Puis le 4 on 2, soit 4 boutons dont deux actifs. Dans ce cas (plutôt très casual) les 4 boutons sont parfaitement alignés.
Nos amis de Paul Stuart, avec la gamme Phineas Cole sont même allés jusqu’à proposer un 8 on 3 extrême mais assez bien dessiné. Le rendu visuel est, évidemment, immédiatement plus « militaire » (avec la multiplication des boutons) et la longueur des revers est la première victime de cette sur-abondance de boutons et de boutonnières.
Il vous reste donc à faire votre choix parmi ces différentes possibilités mais si vous souhaitez tenter l’aventure sans prendre trop de risques, nous ne pouvons que vous conseiller de démarrer par un classique, et très élégant, 6 on 2.
A moins que vous n’optiez, chez votre tailleur, pour un croisé « hybride », pouvant se porter soit en 6 on 1 (comme vous pouvez le voir sur la photo de Carlo Andreacchio le célèbre tailleur de la maison A. Caraceni à Milan), soit en 6 on 2(grâce à une boutonnière insérée dans le roulé du revers).
Le costume croisé devrait faire partie de la garde robe de toute personne s’intéressant à son style personnel car il apporte beaucoup tant en termes de charisme que d’élégance.
Incontournable.