Quand mon ami - et jeune tailleur - Mattéo Roibet (@sartorial.matt sur Instagram) m’a proposé de réaliser un smoking, j’ai été partagée entre l’enthousiasme que ce genre de projet ne peut qu’engendrer, et un vrai vertige.
Pour ma première expérience en grande mesure, le smoking s’avérait une entreprise ambitieuse.
Comment concevoir un smoking que je puisse à la fois porter en soirée de manière aisée, et une pièce suffisamment originale pour que le talent de Mattéo puisse s’y exprimer ? Car ce n’est pas - vous ne serez pas surpris - dans mes habitudes de m’adonner à la grande mesure. J’abordai donc ces questions avec prudence.
Et cependant, je n’avais aucun souci à me faire : c’est pas à pas que s’est élaborée cette pièce, avec, à chaque étape, les idées et les conseils de Mattéo pour en guider la réalisation.
Premier objectif : réaliser un smoking à la coupe “féminine”. Plus facile à dire qu’à faire, car il s’agit de cintrer la ligne du corps, tout en adaptant une coupe souvent masculine à une silhouette féminine. Une seule réponse : un dos exactement cintré, et des revers se déployant avec précision et délicatesse.
C’est ce cintrage au millimètre près qui m’a séduite dès le premier essayage, avec une toile préparée pour l'occasion.
Seconde question : quel tissu privilégier ?
Je n’en fais pas un secret : j’aime le bleu, et trouve que cette couleur est une des plus élégantes, sans forcément tirer vers le chic extrême du noir. Là encore, Mattéo me propose une solution de choix : un superbe bleu nuit au tombé particulièrement séduisant. Je possédais déjà une veste de smoking de velours bleu dénichée en seconde main : ici, ce sera un tissu mat, aux revers de soie ton sur ton.
Autre enjeu des essayages, la question du bas de la veste de smoking. Les pans de veste seront arrondis, mais quelle largeur donner à l’ouverture ? Épineux problème, finalement résolu après plusieurs expérimentations.
Nous étions tout d’abord tombés d’accord sur des manches classiques, mais, très vite, l’envie de faire quelque chose d’original - quelque chose de plus - est apparue. Un jour, Mattéo me propose de repenser totalement le modèle, en créant des manches fendues sur l’intérieur.
Leur avantage ? Conjuguer la coupe classique à un twist des plus séduisants. Les manches créées par Mattéo offrent à la fois un effet classique en vue de côté, quand les bras reposent le long du corps, mais révèlent toute leur ampleur au moindre mouvement.
Un nouveau coup de cœur pour cette touche aussi exigeante que ludique - avec ce côté “manches chauve-souris”.
La doublure joue évidemment un rôle essentiel dans la construction de la veste. Ce sera ici un choix des plus classiques, une soie rouge qui se révèle sous le mouvement des manches. Sa texture très légèrement marquée embellit encore sa teinte et ses reflets.
Le cintrage de la veste est couronné et scellé par le crochet qui permet de la fermer.
Pour le pantalon, j’ai fait confiance à Mattéo les yeux fermés. Et j’ai été bien inspirée de le faire : un pantalon large, mais parfaitement équilibré au niveau de la taille, dont le galon de soie est dans le même tissu que les revers de veste. Quelques essayages en talons, et le tour était joué !
Pour la chemise, j’ai privilégié la seconde main, et la marque Suitstudio. Cette ligne, malheureusement disparue, constituait le pendant féminin de l’enseigne Suitsupply, bien connue de nos lecteurs. Mes consoeurs pourront trouver bon nombre de pièces tirées de cette marque sur les plateformes de seconde main.
Il ne nous restait plus qu'à organiser un petit shooting dans les couloirs de l'Opéra Garnier pour que vous puissiez examiner ce projet sous toutes ses coutures - et je l'espère, vous donner un meilleur aperçu de ce qui fait la saveur de ce genre de réalisation ! Les photos ont été prises par Hermine H., @l_enieme sur Instagram, dont le style m'a immédiatement convaincue. Je vous laisse en juger, et vous retrouve bientôt pour mon prochain article !
