Gentlemen,
dire que la maison Aubercy occupe une place à part dans le monde des passionnés de souliers et d'élégance classique relève du doux euphémisme tant la maison de la rue Vivienne cultive, année après année, sa singularité dans un marché du soulier masculin de luxe en pleine évolution voire en pleine mutation.
Loin de l'agitation médiatique et des stratégies marketing complexes, la famille Aubercy continue en effet, génération après génération, de creuser son sillon, d'imposer ses convictions et de faire plaisir chaque jour à de très nombreux gentlemen à la recherche de souliers classiques (parfois "with a twist") et de très grande qualité.
Fondée en 1935 par Renée et André Aubercy, la maison se spécialise dans le soulier masculin de luxe et prend réellement son envol dans les années 50, sous l'impulsion d'Emile Aubercy, ami du dandy parisien et grand arbitre des élégances Arturo Lopez qui lui fera découvrir, notamment, le travail stupéfiant des bottiers britanniques comme Nikolaus Tucsek ou Georges Cleverley.
Lorsque je me suis rendu pour la première fois rue Vivienne, j'ai d'ailleurs eu la surprise et la joie d'admirer ces merveilles d'une autre époque offertes par Arturo Lopez à Emile Aubercy, et qui sont soigneusement conservées dans le bureau de Philippe Aubercy, le fils d'Emile, ayant pris la suite de son père en 1970 en compagnie de son épouse Odette.
Ces merveilles de l'art bottier britannique aux lignes et aux formes particulièrement fines et "pincées" devant lesquelles tout amateur de beaux souliers aura du mal à garder son calme - notamment devant certains modèles de Tucsek, considéré par beaucoup comme le plus grand bottier de tous les temps -constituent une petite collection unique en son genre que nous avons d'ailleurs décidé, avec Xavier Aubercy (le fils de Philippe, quatrième génération des Aubercy), d'exposer à la faveur d'une soirée Parisian Gentleman que nous prévoyons d'organiser rue Vivienne et dont nous vous communiquerons la date dès qu'elle sera arrêtée (en Juin ou en Septembre).
Aubercy, c'est donc avant tout chose l'histoire d'une famille parisienne qui a su, au fil des années, se forger une identité très forte et obtenir une réputation nationale puis internationale grâce à une approche traditionnelle du soulier jamais remise en question ainsi qu'à une volonté farouche et sans faille d'Emile puis de Philippe, Odette et Xavier Aubercy de n'offrir que le meilleur en la matière à une clientèle de connaisseurs et d'esthètes éclairés.
Fabriqués depuis de très nombreuses années dans le même atelier familial italien dans lequel Aubercy possède son propre atelier avec ses formes et ses peausseries, les souliers Aubercy représentent, avec quelques autres maisons françaises se comptant sur les doigts d'une seule main, la quintessence du soulier parisien haut de gamme.
Proposés dans différents types de montage, Blake, Good-Year, Norvégien mais aussi cousu Trépointe (good-year cousu main), tous les souliers Aubercy possèdent une personnalité indéniable, une qualité de fabrication remarquable, un chaussant exceptionnel et un charme évident.
Mais chez Aubercy il y a autre chose.
Quelque chose d'impalpable, de différent, d'anachronique presque, à l'image de ces petits chevalets d'une autre époque vantant en lettres surannées la renommée de la maison et la fidélité de ses clients. Quelque chose de précieux qui nous rappelle que dans un monde contemporain nivelé par le bas et dans lequel tout finit par ressembler à tout, certaines rares maisons continuent à faire les choses comme elles doivent être faites et à prouver que plus d'artisanat (et moins de mécanisation) peut être synonyme de pérennité, de croissance et de bonne santé.
En ces temps de rationalisation à outrance et de recherche permanente de productivité souvent au détriment de la qualité , la démarche (si j'ose dire) de Xavier Aubercy à la tête de la maison familiale depuis 1995 est tellement atypique qu'elle représente presque une - heureuse - anomalie dans le monde du soulier haut de gamme mais également du commerce de luxe.
En effet même si de nombreuses maisons de souliers masculins le prétendent, peu d'entre elles sont vraiment capables d'offrir ce qu'Aubercy offre aujourd'hui plus que jamais à ses clients : une liberté totale de choix et un champ des possibles quasi illimité en matières de formes, de patronnages, de montage, de matières et de finitions. Pour le dire autrement, et c'est l'immense avantage d'une petite structure à taille humaine, tout est vraiment possible chez Aubercy que vous ayez besoin d'un beau prêt-à-porter, d'une commande spéciale ou même, dans très peu de temps, d'une paire de souliers en Grande Mesure puisque la maison de la rue Vivienne est en train de relancer cette activité avec l'arrivée du bottier Yasuhiro Shiota (nous aurons l'occasion d'y revenir en détails dans les mois qui viennent.)
Les tarifs oscillent entre 900 euros et 1200 euros pour le prêt-à-porter (personnalisable à l'infini en termes de montage et de patronages), avec une mention spéciale pour le sublime richelieu James (voir la photo en tête de cet article) proposé en cousu trépointe et qui est selon moi l'un des plus élégants sur le marché.
Une formidable maison parisienne que nous portons en grande estime, que tout amateur de beaux souliers se devra de considérer un jour ou l'autre et dont nous vous proposons une courte sélection de modèles ci-dessous.
Bienvenue chez les Aubercy !
Cheers, HUGO
