Gentlemen,
je suis sûr que les plus "mordus" d'entre vous ont déjà largement entendu parler de la très belle initiative de la maison John Lobb (Paris) intitulée : "Spirit of Capitals". Nous n'allons donc pas revenir à la genèse de ce projet rare et captivant qui a déjà été largement commenté dans la presse et sur la toile. Nous nous contenterons simplement d'en rappeler les grandes lignes (!) et surtout de mettre l'accent sur notre coup de coeur de la collection : Moscou !
Cette collection, accessible uniquement en mesure, propose l'interprétation bottière - en deux modèles - de 11 capitales mondiales.
Pour ce faire, John Lobb a constitué, dans chaque cité, une équipe de "créateurs". La particularité de ces équipes (et donc de ce projet), c'est qu'elles n'étaient pas intégralement constituées de membres du personnel de la maison Lobb, mais qu'elles faisaient appel à des contributeurs extérieurs (artisans de patine, bloggers, tatoueurs, artistes etc.)
Même si nous ne sommes pas fans de toute la collection (heureusement d'ailleurs), nous devons tout de même saluer comme il se doit ce très beau projet et cette collection qui fera date dans l'histoire de John Lobb.
Chez PG, nous avons un (très) gros faible pour les deux modèles tentant de retranscrire l'esprit de Moscou, et surtout pour cette sublime bottine qui se détache nettement, à nos yeux, de toute la collection.
Comme vous le constatez, il s'agit d'une bottine très racée et au patronage très sophistiqué à 6 oeillets et 4 crochets, manchette en cuir et veau-velours, tricolore noire et deux tons de marron, à bout droit rapporté. Il ne s'agit d'ailleurs pas d'une bottine balmoral à proprement parler car la ligne se "brise" au milieu du talon pour repartir vers l'arrière en forme de "mouette".
Autre particularité de ce très bel objet bottier, la possibilité de faire broder ses initiales en alphabet cyrillique à l'arrière de la bottine. Cette "pratique" est issue d'une tradition moscovite des années 20 qui voulait que lorsque l'on arrivait à l'opéra, on devait retirer ses bottes pour chausser ses chaussures de soirée. Pendant la durée de la représentation, un majordome avait pour mission de les nettoyer et - surtout - de les réchauffer.
A la fin du spectacle, il était parfois difficile de retrouver ses bottes au milieu de centaines d'autres (les bottes se ressemblant quasiment toutes à cette époque), d'où l'idée de faire broder en très gros ses initiales à l'arrière de ces dernières. C'est d'ailleurs le même genre d'idée qui a donné naissance à la broderie des nombres sur les chemises à l'époque où les teinturiers devaient s'y retrouver parmi des centaines de chemises blanches identiques.
Je ne suis, personnellement, pas très fan de ces broderies que je trouve (beaucoup) trop voyantes et qui nuisent, selon moi, considérablement à la "classe" de l'ensemble. Ceci étant je pense qu'il est possible de les faire faire plus petites, voire de s'en passer puisque nous sommes dans le monde merveilleux du sur-mesure.
La version "Richelieu" est également assez réussie même si elle est, évidemment, beaucoup moins spectaculaire. Elle conserve cette brisure en "mouette" au milieu du talon que je trouve, en revanche, très originale et très réussie.
Du très beau travail et une collection de grande classe.
Браво John Lobb !
Cheers, HUGO