Gentlemen,
aujourd'hui coup de projecteur sur l'une des maisons fétiches de PG depuis sa création : Corthay.
Depuis la fin de la tournée de projections de notre film commun "la Beauté du Geste" qui nous aura mené en 2012 et 2013 à Paris, Londres, Tokyo, Dubai et Hong Kong, nous n'avions eu que peu d'occasions d'écrire sur la belle maison Corthay qui connaît, depuis quelques années, une expansion sans précédent sous l'impulsion de Xavier de Royère et de son équipe.
Nous sommes donc particulièrement heureux de le faire aujourd'hui, à la faveur de quelques nouveautés que la maison de la rue Volney a présentées la semaine dernière lors des collections à Paris et que nous allons tenter de commenter et de décrypter comme il se doit.
Dans notre sélection de souliers 2013, nous avions écrit que "nous attendions tous beaucoup plus de Corthay en matière d'innovation et de nouveautés" (voir l'article ici). Lorsque nous écrivions cela, nous n'exprimions cependant pas le souhait de voir la maison fondée par Pierre devenir une maison de "high fashion" présentant deux énormes collections de 30 modèles par an. Non.
Nous exprimions juste le fait que malgré tout l'amour que nous portons au modèle Arca et à ses multiples déclinaisons, nous restions un peu sur notre faim depuis quelques années en terme de style, surtout pour une maison ayant forgé sa réputation mondiale sur ses formes stupéfiantes, son audace stylistique et sa capacité à surprendre le marché.
Ceci étant dit, et bien dit, nous ne pouvons, d'un autre côté, que saluer l'énorme travail accompli depuis la rue Volney ces trois dernières année et qui a abouti non seulement au redressement de l'entreprise et à la création de 3 nouvelles boutiques en propre (Londres, Hong Kong et Dubai) mais aussi à l'installation d'une nouvelle petite manufacture près de Cholet dans le Maine et Loire : une véritable renaissance qui fait plaisir à voir et à partager dans ces colonnes.
En cette période de promotion un peu aveugle du "Made in France" - dont nous commençons déjà à voir les limites et les dérives - Corthay fait donc plus que jamais partie, avec J.M. Weston à Limoges, des quelques entreprises françaises qui donnent de la consistance au slogan et que nous nous devons de saluer rien que pour cela : en effet, c'est bien près de Cholet dans le Maine et Loire (autrefois célèbre pour ses mouchoirs) que des souliers de qualité, montés en good-year, parmi les plus beaux, les plus luxueux et les plus recherchés au monde, seront désormais fabriqués.
La semaine dernière, nous avons donc eu droit à quelques nouveautés autour de quatre modèles de la maison : deux classiques - le derby Sergio et le richelieu à bout rapporté Bucy - et deux nouveaux, la bottine Bernay et le mocassin Bel Air.
Originellement créé en bespoke par Pierre pour un célèbre agent de photographe dans les années 90, ce magnifique derby trois oeillets est proposé cette année en deux peausseries : un joli veau velours avec un beau travail de contraste bleu ciel sur les passepoils et, surtout, un étonnant cuir de chameau tissé (produit dans une tannerie à Abou Dabi, voir le reportage - en anglais - ici ) donnant aux souliers un aspect résolument casual.
Le rendu est classiquement casual pour la version en veau velours (première photo ci-dessous), mais tout à fait ébouriffant pour la version en cuir de chameau tissé, surtout dans sa version noire, que je trouve particulièrement réussie.
Cette jolie bottine propose un "twist" lui aussi plutôt réussi à mes yeux : une double fermeture avec deux élastiques latéraux et une boucle positionnée très à l'arrière de la face externe du soulier. Elle est proposée en box calf et en veau velours (dont un superbe pourpre ci-dessous:)
Ce mocassin à plateau est très original et un peu désarçonnant car il "hésite" à dessein entre le pur casual et le casual chic (en gros entre le mocassin de loisir et celui de ville). Le plateau, seule partie du soulier en box calf, reçoit un énorme médaillon tandis que le choix d'une applique non ajourée (sans motif) brouille encore plus les pistes et ajoute à l'originalité de ce bel exercice de style. On aime ou on aime pas, mais c'est bien vu. Et bien fait.
Le Bucy est un grand classique de la maison et vient rappeler, s'il en était encore besoin, que Corthay possède dans ses tiroirs et dans ses jeunes archives quelques modèles issus du Bespoke, d'un grand classicisme et d'une grande maîtrise. Le Bucy, richelieu à bout rapporté, est un magnifique soulier qui est proposé cette année en box et en veau-velours (avec des petites incrustations de bronze dans les perforations) et qui est monté sur une jolie forme classique maison. Rien de bien nouveau ici, mais quelle classe !
Une livraison courte, mais pleine d'esprit et de style. Du Corthay comme on l'aime.
Cheers, HUGO
PS : Et pour ceux qui ne l'auraient encore pas fait, nous ne pouvons que vous inviter à visionner "La Beauté du Geste" pour entrer un peu plus dans l'univers de Pierre Corthay.