Gentlemen,
nous continuons ce soir notre ballade sémantique estivale dans le monde merveilleux des mots qui façonnent, expriment, forgent, et tentent de traduire les impressions, émotions et autres sensations esthétiques liées à notre univers d’esthètes passionnés. Et ce soir, nous nous « attaquons » (le mot est faible) à ce que je considère à titre personnel comme l’un des vocables les plus importants de notre Panthéon linguistique : le mot Nuance.
Nuance est une forme dérivée d’un mot du latin vulgaire Nuba, « nue » (en latin classique: Nubes), par l’intermédiaire de l’ancien français Nuer, « Nuancer » pour exprimer le dégradé des couleurs qui caractérise les teintes subtiles que prennent les nuages selon les heures du jour et l’éclairage changeant du soleil.
Comme tente de l'expliquer avec brio le metteur en scène Michel de Maulne, la nuance est, je cite, «le degré d'augmentation ou de diminution que présente une même couleur. Un peu plus, un peu moins...»
La nuance caractérise la recherche du juste degré, de l'accord des couleurs.
La nuance est l'écart délicat entre deux délices. C'est le mot juste trouvé pour dire, sans nommer le vulgaire. C'est aussi la nuance qui passe dans le regard entre le désir et le respect...
Teinturiers, perruquiers, tailleurs, bottiers, peintres, tapissiers, manieurs de nuanciers, tous connaisseurs de nuances, nuance du langage, suprême nuance, qui consiste à repérer dans le nuancier du vocabulaire le mot caché sous l'arc-en-ciel du temps.
Ajoutons qu'un nuançoir est l'outil dont se sert un ouvrier en paille.
Autant dire un expert en fragilité...
Cheers, HUGO