PG aime Penhaligon’s.
Une affirmation qui ne devrait surprendre personne puisque Penhaligon’s est un invité récurrent de nos colonnes depuis quelques années déjà : Hugo avait écrit sur Sartorial à sa sortie, Sonya est tombée amoureuse d’Endymion il y a de cela plus de deux ans, et j’ai moi même placé Eau du Roi sur ma liste des parfums de qualité à porter au bureau la semaine dernière.
Penhaligon’s possède cette pointe d’arrogance tempérée par le fameux flegme britannique, tellement fantasmé et sur-joué qu’il en devient caricatural, mais également très attachant. Une belle maison qui continue son bonhomme de chemin à cheval (Angleterre oblige) entre le passé et le futur, en faisant bien attention d’ignorer le présent et ses modes passagères.
Et quel meilleur parfum pour illustrer une telle profession de foi que le légendaire Blenheim Bouquet ?
Tout a déjà été dit (et écrit) sur ce parfum, sorti en 1902 et connu pour être l’un des favoris de Winston Churchill : une composition d’une grande et élégante simplicité, faite de citron, de citron vert et de lavande, relevée d’une touche de basilic et d’un soupçon de bergamote. Blenheim Bouquet se referme sur du boisé, épicé et musqué – un peu de pin, une larme de musc, une tranche de cèdre, on range le rasoir, on noue la cravate, on enfile son manteau, et on s’en va.
Le palais de Blenheim en Angleterre, lieu de naissance de Winston Churchill, dont les jardins auraient inspiré la création de Blenheim Bouquet
Un classique parmi les classiques que le britannique à moustache du début du siècle dernier se passait sous le col pour parachever sa toilette du matin.
Blenheim Bouquet sent le propre, et la première heure est même relativement savonneuse, de ces savons artisanaux faits de bon gras et de bons ingrédients.
Une formule désormais classique et donc maintes fois imitée : d’aucun pourraient même y trouver des éléments précurseurs des Colognes « sport » modernes, ces jus insipides qui inondent littéralement le marché chaque mois, et qui hurlent comme des porcs qu’on égorge dès le premier spray pour attirer l’attention et masquer leur cruel manque de personnalité.
Blenheim Bouquet est, a contrario, discret et pétri d’un certain charme désuet. Selon votre type de peau, il se peu qu’il brille d’ailleurs par une certaine absence de sillage passée la première ou la deuxième heure. Une bonne chose, tout compte fait : cela rend le parfum beaucoup plus adaptable et portable selon différentes circonstances.
Attention toutefois à son évolution, qui peut surprendre sous l’apparente immédiateté de l’ouverture : Blenheim s’assèche en effet sur une touche boisée / épicée qui ne sera pas forcément du goût de tous.
Comme tous les parfums, il est très recommandé de l’essayer et de le laisser reposer avant d’éventuellement l’adopter.
Nous sommes indiscutablement en présence d’un grand standard de la parfumerie anglaise, et certainement de l’une des offrandes les plus conservatrices de la vénérable institution londonienne. Blenheim Bouquet est une belle composition, qui, si elle est empreinte d’une certaine austérité, reste résolument élégante et extrêmement agréable à porter.
Un beau classique pour l’excentrique moderne, idéal pour le printemps qui s’annonce.
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A conseiller : A ceux capable d’assumer pleinement une eau de toilette de la vieille école.
A déconseiller : A ceux qui attendent de Blenheim Bouquet d’être autre chose qu’une belle eau de toilette classique.
On aime : Une recette simple mais sophistiquée, fraîche, propre et agréable.
On aime moins : Une durée de vie tout juste passable selon votre type de peau.
A porter avec : de l’intemporel, évidemment.