Certaines idées reçues ont la vie dure et doivent être combattues sans merci afin d’éviter aux nouveaux venus dans notre monde de commettre quelques grossières erreurs de débutants (et de leur éviter, par la même occasion, de jeter leur argent par la fenêtre.)
Ces idées reçues font, pour la plupart, partie de ce qu’il est convenu d’appeler la culture populaire et ne sont jamais questionnées par la grande majorité des hommes.
Une idée reçue est une opinion, située quelque part entre le stéréotype, le cliché et le lieu commun et qui est, par définition, très répandue (on l’a tous entendue au moins une fois dans notre vie). Elle répond, le plus souvent, à une question revenant souvent et aide le commun des mortels à ne surtout plus réfléchir…
Les « vraies » idées reçues (si j’ose dire), sont d’ailleurs tellement implantées dans la culture et dans les esprits qu’il s’avère extrêmement difficile de les contrer.
Pourtant nous allons essayer aujourd’hui d’en combattre quelques-unes qui, si elles vont sembler stupides ou grotesques à la grande majorité de nos lecteurs, pourrons, nous l’espérons, permettre à certains autres – notamment les nouveaux-venus – de ne pas tomber dans certains pièges faciles à éviter.
Non seulement c’est absolument faux, mais c’est très certainement l’une des croyances les plus erronées et les plus grotesques de cet article.
Car un costume noir n’est PAS un costume adaptable, comme la croyance populaire, ou les mauvais vendeurs de « costards », veulent vous le faire croire, mais un vêtement, par définition, lié à deux types d’occasions spéciales : les enterrements et les soirées formelles. Dans le premier cas, une version de ville suffira, dans le second une version « Smoking » sera en outre de rigueur.
Les Blues Brothers et les Men in Black ont donc eu un effet désastreux sur l’élégance masculine et il est grand temps que cela cesse : votre premier costume ne DOIT PAS être un costume noir. Choisissez-le bleu ou gris (comme le très beau costume de l’image d’ouverture de cet article) , mais jamais noir.
Jamais.
Cette deuxième assertion est, elle aussi, erronée, mais est cependant moins grotesque que la première car il n’y a pas si longtemps que cela que la créativité en matière de chaussettes et de mi-bas s’est vraiment libérée et qu’il est devenu en effet possible de prendre du plaisir à jouer avec les couleurs et les motifs à l’intérieur de vos souliers.
Pour autant, la zone de la cheville, donc celle des chaussettes, est potentiellement l’une des plus créatives et des plus amusantes qui soit. Donc n’hésitez jamais à prendre quelques petits risques dans le domaine et surtout, faites des essais, beaucoup d’essais. Car vous allez être surpris de certains résultats qui, contre toute attente, viendront donner un joli coup de fouet à vos tenues.
Le temps où la sagesse (et surtout les offres très limitées) nous dictait de ne jamais prendre de risque au niveau de nos mollets est désormais tout à fait révolu et il est devenu possible, et même recommandé, de porter des chaussettes (ou plutôt des mi-bas) de toutes les couleurs et de tous les motifs.
Allez faire un tour chez Mes Chaussettes Rouges ou chez William Abraham pour vous en convaincre. Une belle paire de mi-bas bien coordonnée, c’est de la flamboyance et du flair sartorial (presque) sans aucun risque et (presque) sans se ruiner.
En tant qu’adepte militant du « double-breasted » ou du « doppiopetto », je ne peux que m’indigner devant cette idée reçue qui, malgré nos efforts et le talent de nos maîtres tailleurs et de nos fabricants, semble être l’une des plus résistantes et certainement l’une des plus difficiles à combattre dans le grand public.
Car non seulement un costume croisé ne fait pas « vieux » (l’image du cadre moyen bedonnant portant un costume croisé à rayures tennis mal coupé et trop grand pour lui dans les années 80 est belle et bien révolue), mais tout ceux qui ont eu la chance d’en porter un exemplaire bien coupé vous confirmeront qu’il est difficile de battre un beau costume croisé en termes de prestance et d’élégance et ce, que vous ayez vingt ans ou quatre fois plus !
Un beau costume croisé représente en effet, pour beaucoup, la quintessence de l’élégance de l’homme et sera toujours un pari gagnant pour celui qui saura l’oser et ce, quelle que soit sa corpulence (sauf, peut-être, dans le cas d’un extrême embonpoint).
Le seul problème est qu’un costume croisé doit être bien coupé et bien ajusté car il ne souffre aucune approximation. C’est sa force principale et sa faiblesse majeure. Heureusement, depuis quelques années, il est devenu de plus en plus aisé de trouver de beaux costumes croisés en prêt-à-porter.
Donc si vous avez décidé de travailler à améliorer votre élégance et votre style personnels, ne pas vous doter d’un beau costume croisé « 6X2 » ou même « 6X1 » serait criminel.
Avec le retour sur le devant de la scène, au moins de celle du marketing, de la culture tailleur, tous les détails imitant, de près ou de loin, un vêtement réalisé par un vrai maître-tailleur ou par une vraie maison de couture, ont le vent en poupe.
Au premier rang de ces détails censés faire de vous d’élégants connaisseurs de la chose sartoriale se trouvent les fameuses boutonnières de manches dites « actives » (donc qui peuvent s’ouvrir).
Pour la petite histoire, ce détail, qui n’en était pas un à une époque où le prêt-à-porter n’existait pas, servait aux gentlemen qui désiraient se laver les mains à retrousser les manches de leur veston sans être obligé de retirer celui-ci.
Evidemment, au vu du temps que demande la fabrication à la main de vraies boutonnières, ce « détail », au demeurant assez peu utile avouons-le, avait complètement disparu et peu d’hommes se posaient la question de savoir pourquoi les boutons de leurs costumes en prêt-à-porter n’avaient qu’une fonction ornementale.
Aujourd’hui de plus en plus d’hommes demandent, à leur tailleur retoucheur, à faire ouvrir leur boutons de manches sur des vestes tout ce qu’il y a de plus industrielles.
Il ne m’appartient pas de juger de la pertinence de ce genre de pratique car, après tout, il peut être utile de retrousser ses manches ou de laisser de la place pour montrer des boutons de manchette volumineux. Il peut aussi sembler « chic » et sophistiqué à certains de laisser un ou deux boutons de manches ouverts.
Mais tous les amateurs de bespoke vous le diront : ils n’ouvrent que rarement à dessein les boutons de leurs manches car le fait que ces derniers soient fonctionnels, va de soi. Inutile donc de le montrer.
Ce qu’il faut donc retenir c’est qu’une boutonnière de manche ouverte n’est pas le signe d’un costume fait-main, mais celui… d’une boutonnière faite main.
Ce qui est très différent.
C’est une pratique catastrophique qui semble prendre de l’ampleur parmi les béotiens, et ce, malgré le fait qu’il soit assez facile de remarquer que coordonner sa pochette et sa cravate soit de très mauvais goût.
C’est même l’exemple parfait de ce qu’il ne faut pas faire car cela attire l’attention d’autrui non pas sur votre élégance mais plutôt sur vos efforts (ridicules en l’espèce) pour bien vous habiller.
En effet, et c’est l’un des principes fondamentaux de la désormais fameuse sprezzatura italienne, l’objectif de beaucoup d’hommes intéressés par leur style est de gagner en nonchalance et en naturel, et surtout pas d’exposer les efforts qu’ils font pour être bien vêtus.
Coordonner exactement sa pochette et sa cravate, comme on peut malheureusement le voir sur des sites marchands (notamment sur des sites consacrés au mariage, donc aux hommes qui s’habillent une fois par an ou une fois par vie) est à proscrire. Et cela n’est pas négociable.
Et si tout cela vous semble évident, souvenez vous que, comme le disait Talleyrand, si cela va sans le dire, cela va souvent mieux en le disant.
A suivre.
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Image d’ouverture © KoreyFrancois.com