Cet article est une mise à jour de l'article "Conseils pour construire sa garde-robe" (paru en décembre 2013), et de sa mise à jour en février 2016.
Pour les nouveaux lecteurs de PG, ces articles expliquaient mon chemin sartorial personnel ainsi que mes choix successifs dans la construction progressive d'une garde-robe susceptible de répondre parfaitement à mes besoins ainsi qu'à mes goûts.
Aujourd'hui j'effectue donc une nouvelle mise à jour conséquente de cet article puisque, vous vous en doutez, ma garde-robe s'est sensiblement étoffée avec sept nouveaux costumes, deux vestes sport et une veste de soirée, le tout en grande mesure (bespoke).
Cette autobiographie sartoriale reprend donc, avec quelques ajustements narratifs et photographiques, la trame des deux articles précédents, et vient y ajouter ces nouvelles pièces qui portent ma garde robe à 24 pièces pour les costumes et vestes (dont 23 en bespoke traditionnel) et sept manteaux (dont quatre en bespoke traditionnel) qui feront l'objet d'un article séparé.
Reprenons donc les choses par le commencement.
Pour beaucoup d'entre nous la découverte du monde de l'élégance masculine est un véritable "choc" : la découverte que quelques notions simples d'élégance et qu'un peu d'éducation en la matière peuvent avoir un impact considérable sur notre façon d'être, notre confiance en nous et, finalement, notre existence.
Mais passé le "choc" de la révélation sartoriale et les premiers émois liés au port d'un costume bien coupé, nous nous trouvons très vite confrontés à l'épineuse question de la constitution d'une garde-robe digne de ce nom, c'est à dire à la hauteur de notre éducation et de nos ambitions nouvelles en la matière.
Il est d'ailleurs intéressant de noter que cette question concerne tout le monde - du jeune homme de 20 ans songeant tout juste à son premier costume "d'homme" au quinquagénaire déjà à la tête d'une garde-robe business consistante (mais achetée sans aucune éducation dans le domaine) - et que bien souvent la seule réponse consistera, quel que soit votre âge, à ... (re)démarrer de zéro.
C'est malheureusement le prix à payer, si j'ose dire, pour les gentlemen s'intéressant nouvellement, mais passionnément, à leur élégance personnelle et découvrant bien souvent avec effroi que la grande majorité des costumes constituant leur garde-robe "de marque" (achetée deux fois sur trois par leur épouse) est thermocollée, trop grande et mal coupée...
Mais pas de panique cependant, car si se constituer une garde-robe de qualité peut mobiliser un peu de temps (et d'argent), cela ne représente pas non plus une épreuve insurmontable, surtout pour celui qui prendra le temps de s'éduquer à la chose vestimentaire, notamment dans ces colonnes.
Bien entendu, la notion de garde-robe idéale n'existe pas puisque qu'elle dépendra en grande partie de votre style de vie, de votre profession, de vos moyens ainsi que de quelques données climatiques (selon que vous résidiez à St Pétersbourg ou à Miami, selon vous vous soyez strictement sédentaire ou que vous voyagiez beaucoup).
Cependant, afin de tenter de vous donner quelques premières directions dans cette entreprise complexe, je vais prendre l'exemple que je connais le mieux : le mien. Je pense en effet que, d'une part, il illustre bien le propos et que, d'autre part, j'ai suffisamment étudié le sujet pour pouvoir prétendre en extraire quelques principes gagnants.
Cette garde-robe m'a demandé dix années de travail et de patience. Le choix de chaque costume ayant fait l'objet d'une longue réflexion et de discussions avec mes tailleurs, je pense donc qu'il peut être intéressant pour vous de vous inspirer des quelques grands principes qui ont guidé mes choix, notamment en termes de chronologie d'achat.
Bien entendu, comme il sera question ici de type de costume (couleur, coupe) et pas de qualité de fabrication, les principes énoncés ci-après étant également parfaitement valables en prêt-à-porter.
J'ai démarré ma quête d'élégance personnelle en 2008 en prenant la décision, après de longs mois d'étude du sujet, de tenter l'aventure du bespoke tailoring et donc de miser immédiatement sur l'extrême qualité plutôt que sur la quantité (en concentrant l'intégralité de mon budget sur un ou deux costumes par an, jamais plus).
A l'époque de ma révolution sartoriale personnelle je possédais une garde robe classique, composée de nombreux costumes thermocollés issus de grandes marques. Après avoir longuement étudié le sujet, je décide à l'époque de ne conserver qu'un seul costume en prêt-à-porter et de mettre tous les autres, dont certains issus de marques mondialement réputées - au rebut.
Le seul costume qui me reste quand je démarre la construction de ma nouvelle garde-robe de gentleman éduqué est un costume de la maison Smalto (voir ci-dessous)
Un joli costume de la gamme Francesco Smalto (à l'époque le haut de gamme du prêt-à-porter maison, fabriqué par Caruso en Italie) bleu navy , semi entoilé, que je ne porte plus aujourd'hui (car lorsque l'on passe au bespoke il est quasi impossible de faire marche arrière) mais dont la coupe et la tenue sont longtemps restés honorables.
Après de longues discussions avec Lorenzo Cifonelli, je décide à l'époque de commencer... par le commencement, c'est à dire par la quintessence du costume classique : un costume gris moyen, droit, deux boutons, dans un joli mélange laine et cachemire Super 110s (Drapers).
Je choisis un gris moyen uni car c'est la couleur la plus pratique qui existe : pas trop foncée pour ne pas être trop formelle, pas trop claire pour ne pas être trop casual.
Le résultat est une pièce tailleur d'une simplicité absolue, par essence intemporelle, qui entre dans sa dixième année et qui reste l'un des costumes que j'utilise le plus !
Acheté 3800 euros à l'époque, ce costume ne m'a donc couté, à ce jour, "que" 380 euros par an (30 euros par mois) et si je continue à en prendre soin (c'est à dire à ne jamais le porter deux jours de suite, à le mettre immédiatement sur cintre après une journée de port et à l'aérer près d'une fenêtre de temps en temps), je pense que le transmettrai à mon fils Greg dans une vingtaine d'années.
Ce costume est, selon moi, le premier à posséder dans toute garde-robe (en bespoke, en sur-mesure ou en prêt-à-porter).
Pour mon deuxième costume, je choisis un deuxième grand classique masculin : le costume croisé bleu foncé.
Réalisé dans une version classique 6 on 2 (six boutons dont deux actifs), dans une laine Super 110s (Drapers) assez épaisse (pour un drapé impeccable), ce costume apporte incontestablement un degré supplémentaire de formalité par rapport à mon premier costume.
Je pousse d'ailleurs à l'époque l'idée un petit peu plus loin en évitant les poches à rabats pour opter pour des poches passe-poilées, ce qui est assez inhabituel pour un costume croisé.
Le résultat est un costume immaculé, à la simplicité extrême, aux revers en pointe très généreux et au tombé exceptionnel.
Après presque neuf ans de bon et loyaux services (j'ai également énormément porté ce costume qui est, à l'heure où j'écris ces lignes, à la "révision" chez Cifonelli pour un changement de doublure), cette magnifique pièce bespoke est toujours l'un de mes costumes préférés et celui que j'ai, par exemple, choisi de porter, à la fin du mois d'Octobre 2015 pour l'un des événements de dédicace de mon livre "The Parisian Gentleman" à Bucarest en Roumaine (comme vous pouvez le voir ci-dessous).
Avec ce costume, je commence à faire des choix stylistiques plus sophistiqués et plus personnels : j'opte donc pour un costume droit, trois pièces un bouton avec gilet croisé 6 boutons, dans une laine super 120s à motif pied de poule (toujours Drapers).
J'opte également pour des revers en pointe (moins fréquents que les revers à cran sur les costumes droits) afin de conférer à l'ensemble un supplément d'âme indéniable.
Le résultat est un costume très typé, aux revers interminables et à la poitrine minuscule que je porterai par la suite indifféremment avec ou sans gilet. Mon premier costume vraiment "personnel".
Désormais à la tête de trois costumes de haut niveau, couvrant d'ores et déjà les trois grandes figures de style masculines - le droit, le croisé et le trois pièces - je décide alors de m'aventurer sur les terres beaucoup moins codifiées de la veste sport ou dépareillée.
Etant conscient que je ne serai en mesure de m'offrir un vrai costume "black tie" que beaucoup plus tard (en réalité plus de cinq ans plus tard !), je décide alors d'opter pour une veste particulièrement typée et originale pouvant faire office, de temps à autre, de veste formelle : une veste gris claire semi-doublée, un seul bouton, aux larges revers gansés contrastés gris foncé (dans le même tissu que la veste), aux poignets gansés sans boutons et aux poches plaquées.
Un vêtement résolument typé qui s'avèrera finalement d'une fabuleuse utilité puisque je le porterai, indifféremment, sur un jean selvedge, sur un pantalon de flanelle grise à poche cargo et même sur pantalon noir lors de soirées black tie.
Afin d'équilibrer ma garde-robe en termes de saisons, j'opte cette fois pour un costume résolument plus léger, tant dans la couleur que dans le tissu, un Super 130s "Target" à motif Prince de Galles très "fondu" (Holland & Sherry). Mon idée est de faire un costume de mi-saison, pouvant être porté au printemps et en automne.
De construction très classique, ce costume croisé affiche des revers en pointe très généreux, une petite poitrine dans le plus pur style Cifonelli et des poches à rabats coupées légèrement en biais.
Un choix qui s'avèrera gagnant puisqu'en l'absence, à l'époque, de vrai costume d'été dans ma garde-robe, ce croisé très léger s'avèrera très utile pour mes voyages dans certaines contrées.
Possédant désormais deux costumes droits (dont un avec gilet croisé), deux costumes croisés et une veste sport droite, je décide encore une fois d'équilibrer ma garde-robe en ajoutant un deuxième trois pièces à ma collection.
Ayant remarqué l'impact très positif des versions "un bouton" de mes deux dernières vestes sur ma silhouette, je décide de continuer sur cette voie avec ce costume un bouton avec gilet croisé.
Réalisé dans un superbe super 120s laine et cachemire bleu avec motif chevrons (Drapers), ce costume est monté avec des revers à crans placés très haut sur la poitrine, quasiment sur l'épaule. Mesurant un tout petit peu moins d'un mètre quatre-vingts, j'ai très vite appris, à mon avantage, toutes les méthodes pour étirer la silhouette dont celle, particulièrement efficace, du cran de revers placé le plus haut possible.
Un costume très "pointu", très ajusté, à la brillance naturelle, que je réserve plutôt aux occasions très habillées même si la version sans gilet est plus discrète. C'est ce costume (âgé de six ans donc) que je porte également dans certains épisodes de nos Discussions Sartoriales sur YouTube.
J'arrive désormais à la marche symbolique du septième ensemble, celle qui vous permet, virtuellement, de porter un costume en grande mesure différent chaque jour de la semaine et je choisis, maintenant que les fondamentaux sont couverts, d'affirmer encore plus mon style et mes goûts personnels avec un troisième costume croisé "with a twist".
Ce septième costume constitue un costume charnière sur mon chemin dans la grande mesure, puisqu'il me semble parfaitement résumer mes goûts et mes parti-pris stylistiques personnels. Il m'aura donc fallu presque cinq années et sept projets en Bespoke traditionnel (attention, activité hautement addictive) pour parvenir à ce stade lumineux où chaque costume devient une émanation directe de votre personnalité ainsi qu'un formidable terrain d'expression.
Pour ce septième projet, je choisi un costume très "racé", le premier de ma collection monté en 6 on 1 (6 boutons mais un seul actif), avec des revers très larges légèrement arrondis couvrant la quasi intégralité de la poitrine et dont la pointe des revers touche quasiment les épaules.
Comme à mon habitude et pour préserver la ligne impeccable de la veste, je choisis des poches passe-poilées sans rabats. Le tissu est un fil à fil classique de chez Drapers.
J'aime particulièrement la version 6 on 1 de la Maison Cifonelli, car le bouton actif est placé beaucoup plus haut que chez les maisons de couture italiennes, afin de respecter l'équilibre de la veste et de son ouverture.
Avec ce septième costume très personnel, j'ai enfin l'impression d'atteindre un niveau de garde robe en bespoke susceptible de couvrir toutes les occasions de vie de manière correcte avec un bon équilibre entre les costumes droits, les trois pièces et les croisés.
A ce moment là de ma progression, et comme je l'écris dans l'article original, la "raison" me dicte de me consacrer désormais à des pièces spécifiques, soit saisonnières (costume d'été), soit occasionnelles (costume black tie). Pourtant, comme vous allez le constater, j'allais laisser tomber, pour quelques temps, toute démarche rationnelle pour assouvir pleinement ma passion nouvelle pour le costume croisé 6 on 1 (version Cifonelli) qui allait devenir, selon certains média, mon costume "signature" (ce qui n'est pas pour me déplaire).
J'allais donc faire faire, coup sur coup, deux costume de ville chez Cifonelli selon ce même patronage et même adopter, un peu plus tard, ce patronage pour mon futur costume formel (toujours chez Cifonelli).
Ce neuvième costume, réalisé exactement six ans après mes premiers pas dans le monde du bespoke, allait devenir immédiatement, l'un de mes costumes fétiches que j'allais, littéralement, mettre à toutes les sauces (jour, business, soir et même blazer par dessus un jean) et ce, pendant quasiment toutes les saisons (de septembre à juin).
Fabriqué dans un superbe tissu Laine et Kid Mohair de Vitale Barberis Canonico, et agrémenté de boutons en corne avec un marron très texturé, ce costume est sans conteste l'un des plus confortables de ma collection et celui par lequel je commencerai sans doute si je devais démarrer ma démarche sartoriale aujourd'hui.
Comme dans le costume précédent (et comme dans le prochain) les revers, particulièrement imposants et légèrement arrondis, recouvrent la quasi-totalité de ma poitrine.
C'est un parti-pris stylistique que j'adore mais qui ne sera sans doute pas du goût de tout le monde. Hormis la question du goût, le choix de ce type de revers (très) généreux est également guidé, en ce qui me concerne, par des questions de morphologie. Ayant fait beaucoup de sport entre les âges de 35 et de 45 ans, j'ai une cage thoracique assez développée et une taille (en comparaison) relativement étroite. Ce design de costume me permet donc de vraiment respecter ma morphologie et de me sentir particulièrement à mon aise, notamment grâce à des emmanchures positionnées très (très, très) haut.
Dans la continuité de ma passion immodérée pour les costumes 6 on 1 de chez Cifonelli, et au lieu, comme la raison me le dicte, de me lancer dans la réalisation d'un costume purement estival ou d'un Black Tie, je décide de continuer dans la même veine d'inspiration et de faire un troisième costume d'affilée à partir du même patronage, mais dans une couleur nouvelle pour moi : un tissu Drapers (de la superbe liasse Blazon Super 140s, que je conseille vivement, au passage, à tout le monde pour sa qualité et sa texture vraiment "quatre saisons") à motif Glen Plaid marron avec une ligne bleue ciel.
Le design est strictement le même que mes deux costumes précédents même si la couleur et le motif Prince de Galles apportent une "ambiance" nouvelle au modèle, plus "dapper" comme diraient les initiés.
J'adore ce costume à la fois pour sa coupe très ajustée (Cifonelli oblige), ses revers dingues et son tissu classique "with a twist" qui constitue le premier tissu à motif "marqué" de ma collection (les précédents motifs ayant toujours été plutôt discrets et très "fondus").
Etant un adepte exclusif des costumes en bespoke traditionnel, cela faisait un long moment que j'avais envie de tenter l'expérience d'un costume sur-mesure réalisé par l'une des quatre grandes sartorias en Italie.
J'ai donc profité de mon manque chronique de costumes d'été (ainsi que de mon absolu manque de temps juste avant le Pitti Uomo estival) pour tenter cette aventure - nouvelle pour moi - avec Santandrea Milano (aussi connue sous le nom de St Andrews, une formidable manufacture transalpine à laquelle nous avons consacré un article ICI).
Le tissu étonnant utilisé pour ce beau costume d'été particulièrement léger est un Super 170s de chez Loro Piana, d'un bleu ciel très spécial (et qui m'a d'ailleurs valu une avalanche de compliments et de questions). Je dois avouer avoir été agréablement surpris par la qualité de ce costume réalisé en un temps record avec une prise de mesures et une seule séance de retouches, donc sans essayage intermédiaire, ce qui est très inhabituel pour moi.
Le plus ? Le délai, divisé par 10 (quinze jours au lieu de cinq mois). Le moins ? Des emmanchures, par définition, moins hautes et moins précises qu'en bespoke et une expérience beaucoup moins "spirituelle".
Une qualité indiscutable cependant. Parfait pour les gens pressés.
Après avoir, temporairement, assouvi ma faim de costumes 6 on 1 (avec la coupe Cifonelli, si particulière), je décide enfin de me lancer dans la réalisation d'un "vrai" costume d'été en grande mesure, c'est à dire un costume réservé aux mois de l'année les plus chauds et uniquement à eux.
Enfin, quand je dis que "je me décide", ce n'est pas tout à fait exact puisque c'est à la faveur de la visite de l'atelier du maitre tailleur Gianni Celeghin (installé à Legnano, à 50 kilomètres de Milan) pour les besoins de mon livre "The Italian Gentleman", que je tombe fou amoureux du travail ce tailleur âgé de "plus ou moins" 80 ans (selon ses propres termes) et d'un tissu Drapers qui me "scotche" littéralement, comme on dit aujourd'hui : un tissu bleu électrique (c'est à dire d'un bleu très très... puissant et voyant) de la formidable gamme "Greenhills" Super 160s réalisée pour Drapers par Vitale Barberis Canonico.
Deux essayages plus tard, fin Juin 2015 (juste après le Pitti Uomo d'été), je suis donc devenu l'heureux propriétaire d'un costume d'été droit ultra léger, avec des revers en pointe (peak lapels) et réalisé sans fentes (pour une ligne encore plus ajustée) par un tailleur que je vous conseille vivement d'aller voir avant qu'il ne prenne sa retraite... Car les tarifs pratiqués par Gianni Celeghin (même en incluant les billets d'avion pour deux essayages) sont très très doux et sans doute à la portée de bon nombre d'entre vous. Un grand tailleur injustement mésestimé.
NH Sartoria est une petite maison de tailoring traditionnel installée dans les faubourgs de Milan et qui perpétue, avec une petite équipe de maîtres tailleurs, la tradition de l'école dite de "Puglia" (de la région des Pouilles donc, dans le "talon" de l'Italie). Cette école est caractérisée par une épaule légèrement structurée, tout en restant naturelle, mais surtout par un joli travail à l'intérieur des vestes toutes réalisées sans aucune doublure. Cela veut dire, pour faire simple, que les finitions intérieures sont très soignées et que la veste est aussi belle à l'intérieur qu'à l'extérieure.
J'ai choisi, pour cette veste sport à dessein très "country", un tissu en laine épais façon Tweed de chez Drapers de toute beauté.
Les images de la veste terminée seront insérées plus tard car, bizarrement, je n'ai pas encore eu l'occasion de photographier cette belle pièce tailleur.
C'est à la faveur de l'événement de dédicace de l'édition française de mon livre "Parisian Gentleman" (éditions Intervalles, disponible ICI), qui s'est déroulé chez Guerlain sur les Champs Elysées à la fin du mois de novembre 2015 que j'ai - enfin - pris le temps, avec mon Lorenzo Cifonelli, de réaliser le premier costume "Black Tie" en grande mesure de ma vie.
Pour cette pièce maîtresse de ma garde-robe, j'ai choisi le fantastique tissu Barathea de chez Vitale Barberis Canonico en version "midnight blue" (c'est à dire un bleu nuit tellement foncé que seul un oeil habitué peut détecter qu'il ne s'agit pas d'un smoking noir).
J'ai également opté pour mon modèle croisé fétiche de chez Cifonelli (ici en 4 on 1) avec, comme il se doit, des revers en satin, des boutons couverts et un pantalon avec un galon en satin le long de la jambe. Encore une magistrale réalisation de la maison Cifonelli.
Pour mon premier costume Napolitain en grande mesure, j'ai décidé de faire confiance à l'excellent (et particulièrement affable) maître tailleur Luigi "Gigi" Dalcuore, un homme que j'apprécie tout particulièrement pour son indéniable talent mais aussi pour sa discrétion et son élégance décontractée. Un moment passé avec Gigi est un moment toujours calme, doux et agréable, ce qui, pour les habitués, n'est pas toujours le cas chez d'autres tailleurs locaux.
L'autre raison de mon choix est que la silhouette Dalcuore est évidemment Napolitaine (épaule complètement naturelle, légèreté du costume), mais sans exagération.
Pour ce très beau costume croisé 4 on 1, j'ai opté pour un superbe tissu à rayures multicolores de la gamme "Intrepid Mouliné" de Vitale Barberis Canonico ainsi que pour des revers très généreux (selon Gigi, les plus larges jamais réalisés chez lui !), comme je les aime.
Pour ma première expérience en grande mesure en Espagne, j'ai enfin décidé de remplir un gros vide dans ma garde-robe, pourtant déjà très fournie, en me faisant réaliser par le talentueux et passionné Joaquin Fernandez Prats, le tailleur de la maison Langa à Madrid, un blazer bleu (enfin!!).
Pour cette pièce, polyvalente par définition, j'ai choisi un tissu que j'apprécie particulièrement : le "Salt & Pepper", un mélange laine et soie, quasiment infroissable et d'une texture très particulière (un tissage assez peu serré qui "respire") de VBC pour Drapers.
L'Espagne est un pays qui a été jusqu'à ce jour largement "oublié" dans le débat sartorial (hormis pour les souliers évidemment) et surtout dans le domaine de la grande mesure. Pourtant une nouvelle génération de tailleurs talentueux, (hyper) motivés et travailleurs est en train d'émerger, notamment à Madrid. Joaquin Fernandez Prats, que nous suivons de près chez PG a ainsi fait, ces dernières années, d'énormes progrès et devient une option très sérieuse (et très économique par rapport à Paris ou Milan) pour ceux d'entre vous ayant la possibilité de vous déplacer à Madrid (soit-dit en passant, l'une de mes villes préférées en Europe).
Joaquin mérite vraiment que les voyageurs sartoriaux s'intéressent désormais à lui.
Pour cette deuxième pièce en grande mesure avec Luigi Dalcuore, je me décide de tenter l'expérience des "high numbers" (au dessus de super 160s), afin d'enfin pouvoir me faire une opinion par moi-même sur leur confort, leur main, leur brillance et, surtout, leur durabilité, très largement questionnée, jusque dans ces colonnes.
Pour ce faire, je décide de frapper fort et d'aller directement au Super 210s de la liasse Arcadia de la formidable maison Piacenza et je demande à Luigi Dalcuore de me couper mon premier costume droit "3 roll 2" (trois boutons, dont un caché dans le roulé du revers).
Le résultat est évidemment stupéfiant de légèreté et de confort et le concept de "costume deuxième peau" dont on nous rebat les oreilles depuis des années, prend ici tout son sens. A vrai dire, pour un habitué comme moi des costumes Cifonelli hyper structurés et au padding prononcé, porter un tel costume était presque, au début, contre-nature : je perdais cette impression "d'armure invincible" que j'apprécie tant dans le tailoring Parisien.
Mais après une petite période d'adaptation, j'ai commencé à porter ce costume avec énormément de plaisir et a apprécier les vertus (bien réelles) des tissus "high numbers".
Pour faire court, un super 210s n'est pas un costume de tous les jours et doit être porté avec parcimonie. Mais si vous résistez à la tentation de le porter trop souvent et si vous respectez quelques règles d'entretien simples (comme le fait de le mettre sur cintre et près d'une fenêtre ouverte afin de l'aérer immédiatement après l'avoir enlevé), alors vous découvrirez la magie de ce type de tissu : une légèreté évidemment incomparable, une brillance exceptionnelle et, de manière surprenante, une belle capacité à se patiner avec le temps.
Cette veste sport restera à jamais un vêtement particulier pour moi car je l'ai commencée du vivant de Renato Ciardi (voir la photo du second essayage ci-dessus) et j'en ai pris livraison peu de temps avant sa disparition.
Pour cette veste, j'ai une fois de plus opté pour une belle laine d'hiver à chevron de chez Drapers.
Il s'agit d'une veste croisée typiquement Napolitaine : épaule naturelle sans padding, demi-doublée (sur la partie haute uniquement), super légère et d'un confort incroyable pour une veste d'hiver.
De façon incompréhensible, (comme pour deux ou trois items de ma garde-robe), je n'ai pas eu l'occasion de photographier cette veste dans sa version terminée (ce que je vais m'empresser de faire pour actualiser cet article dans les semaines à venir).
La définition même d'une veste sport polyvalente portable indifféremment avec un beau pantalon de flanelle ou avec un beau jeans selvedge.
Quand votre garde-robe commencera à devenir vraiment conséquente, vous serez alors tenté d'aller vers des pièces très spécifiques comme, par exemple, un costume en Solaro.
Bien qu’aujourd’hui de nombreuses grandes maisons de tissus le proposent, le Solaro original est souvent attribué à la Maison Smith & Co (Woolens) Ltd à Londres et est, dans sa version initiale, de couleur marron avec des reflets orange.
Le Solaro est un tissu qui possède deux particularités :
- une trame de tissage est «omise» pendant le processus (« open weave »), afin de laisser littéralement un « vide » permettant à l’air de circuler librement dans le tissu.
- une trame de couleur rouge est utilisée dans le processus de tissage afin de refléter les rayons UV du soleil et de protéger son propriétaire de ces derniers. Le rendu visuel est évidemment assez particulier, puisque les reflets des vestes en Solaro – le plus souvent à motif chevrons – changent en permanence en fonction de la lumière ambiante et du soleil.
Il est souvent décrit comme un costume d'été, ce qui n'est pas vraiment le cas car au dessus de 25° il devient trop chaud (car trop épais). Je le qualifierais plus volontiers de costume de printemps ou d'automne.
Pour ma part j'ai opté pour une version de couleur verte réalisé par la Sartoria Formosa à Naples. Un beau costume, très typé Napolitain (surpiqures, poches plaquées, épaule "su camicia") sur lequel j'ai demandé, comme à mon habitude, des revers sur-dimensionnés. Ce n'est pas un costume a posséder parmi les premiers de votre garde-robe, mais c'est un ajout stylistique indéniable à cette dernière.
Ayant gouté au plaisir procuré par un vrai costume d'été portable quand il fait vraiment chaud (costume 11 Celeghin), je décide maintenant de continuer dans cette voie et de me bâtir, petit à petit, une vraie grade-robe estivale. D'ailleurs si je devais recommencer ce long chemin sartorial, j'opterai aujourd'hui beaucoup plus rapidement (sans doute en 4ème ou 5ème costume) pour ce type de costume qui vous change littéralement la vie en été.
Ce costume croisé classique, particulièrement léger, non doublé tout en étant plutôt structuré, est une pure merveille de confort. Il a été réalisé par la petite maison Manna à Naples (un nom à retenir absolument) dans un tissu Super 150s, soie et laine de 210 grammes de la maison Caccioppoli.
Comme vous pouvez le constater ci-dessous, je le porte indifféremment en 6X2 (version classique) ou en 6X1 (version plus décontractée).
Les finitions sont au niveau des plus grandes maisons du secteur et le rendu final m’a tellement séduit que j’ai fait de ce costume l’une de mes tenues principales lors du Pitti Uomo d'été en 2016.
Mon Dieu qu'il est agréable de ne plus transpirer à grosses gouttes même quand vous portez un costume en plein été !
Pour mon premier projet chez l'affable, passionné et sympathique Pino Peluso, je lui demande de réaliser pour moi l'une des pièces les plus techniques qui soient : une veste de soirée (smoking jacket) en velours bleu foncé. En effet le velours est sans doute, pour un tailleur, la matière la plus délicate à travailler car elle ne supporte pas très bien le repassage et il est impossible donner une forme à une veste en velours avec un fer et de la vapeur (contrairement à tous les autres types de tissus, qui peuvent être travaillés et modelés au fer et à la presse). Tout se joue donc à la coupe et aux ajustements lors des essayages : un vrai test pour un tailleur (tous les tailleurs n'étant d'ailleurs pas capables de réaliser une telle veste).
La pièce réalisée par Pino Peluso est en fait une sorte d'hybride entre un habit d'origine formelle (une smoking jacket en velours) et une approche strictement napolitaine (poches plaquées, très inhabituelles sur ce type de vêtement, épaules avec fronces etc.). Mon idée étant de la porter indifféremment lors d'occasions formelles, mais également lors d'occasion franchement casual (avec un joli jeans par exemple).
Pour un coup d'essai, Pino a réussi un coup de maitre (tailleur) et ma veste en velours bleu foncée est une fantastique pièce tailleur, que je n'ai toujours pas pris le temps de photographier comme il se doit... une autre erreur que je vous promets de très vite réparer.
Cela faisait un long moment que je souhaitais faire un costume chez Pirozzi (Nunzio et Domenico) à Naples, car cette famille réalise indiscutablement de très beaux costumes, napolitains dans l'âme mais à la silhouette très internationale.
Pour ce faire, je décide, pour mon vingtième costume en grande mesure de revenir aux fondamentaux et de me faire couper une épure du costume masculin : un costume droit bleu uni, deux boutons, dans une jolie laine légère Super 150s de chez Drapers (liasse Blazon).
Le résultat (après de longs mois d'attente, car cette maison connait un gros succès à l'international, et notamment au Japon) fut à la hauteur de mes espérances : un costume époustouflant de simplicité, de précision en termes de coupe et de ligne et, évidemment, d'un confort absolu. Pirozzi réalise, à mon avis (avec peut-être Luigi Dalcuore) les costumes napolitains parmi les plus cosmopolites sur le marché, comme vous pouvez vous en rendre compte ci-dessous avec cette photo prise à Paris en compagnie de Lorenzo Cifonelli.
Pour cette 22ème pièce (21ème en grande mesure), je décide d'explorer enfin un domaine que je n'avais pas exploré jusqu'alors : celui du tissu britannique haut de gamme. En effet, depuis le début de mes aventures sartoriales, et sans vraiment m'en apercevoir, j'étais resté invariablement fidèle aux étoffes transalpines.
A la réflexion, je pense que c'est parce que j'avais une idée quelque peu préconçue des tissus britanniques, de leur soi-disant raideur et surtout de leur épaisseur plus adaptée aux climats de l'Ecosse qu'à celui de l'Italie ou même de la France. En réalité j'allais tomber tellement amoureux de ces tissus à la personnalité si différente de leurs homologues italiens, que j'allais me lancer, avec Luigi Dalcuore, dans trois réalisations coup sur coup avec des tissus du Royaume-Uni.
Pour ce premier essai (si j'ose dire, à quelques jours de France-Angleterre en rugby...), je choisis une laine épaisse de chez W.Bill avec un motif Prince de Galles très marqué.
Il en résulte un costume croisé d'hiver "hybride" 4X1 avec un tissu résolument britannique, mais des détails tailleur résolument napolitains (comme la boutonnière décorative insérée dans le revers). Une belle expérience, une nouvelle belle réalisation de Gigi Dalcuore et surtout un costume parfaitement taillé pour les hivers rudes !
Ah le lin ! Combien de fois me suis-je surpris à expliquer à autrui que jamais je ne me ferai faire un costume en Lin, car l'aspect inévitablement froissé de cette matière me faisait horreur... Quelle erreur de (presque) débutant !
Depuis que Gigi Dalcuore m'a coupé ce formidable costume croisé en lin irlandais (toujours de la fantastique maison W. Bill), je n'ai qu'une envie : m'en refaire faire un autre dans une autre couleur tant le lin est une matière agréable à porter en été mais également une matière à forte personnalité que j'ai finalement réussi à apprivoiser (il m'aura fallu presque dix ans !!).
La seule réserve que j'émettrais pour le lin : cette matière demande des vestes à la coupe parfaite car avec sa tendance naturelle à - vraiment - se froisser et à se déformer une veste en lin à la coupe approximative pourra vite devenir une petite catastrophe sartoriale.
Ce costume vous permet une fois encore d'admirer la science de la coupe de Luigi Dalcuore, décidément un très grand tailleur.
Pour cette troisième incursion avec Luigi Dalcuore dans le monde du tissu anglais, je décide d'aller au bout de l'expérience et d'opter pour une costume croisé 6X1 réalisé avec une flanelle Fox Brothers de 380 gr : une véritable armure contre le froid, le vent et les intempéries avec une tenue et un tombé évidemment impeccables.
Pour pousser l'expérience encore plus loin, j'ai même porté ce costume lors du dernier Pitti Uomo avec un manteau Dalcuore en laine Fox Brothers verte de 870 gr ! De quoi se sentir vraiment invincible et même "bullet proof!". Mon appétit nouveau pour les tissus anglais ne semble pas prêt de s'arrêter...
En cours de réalisation: un costume croisé vert à rayures craie blanches avec Andrea Luparelli chez Ripense à Rome (voir la photo du deuxième essayage ci-dessous), un costume croisé bleu à rayures tennis blanches chez Gaetano Aloisio à Rome et un costume en denim (oui oui en denim !) chez Sirven à Paris.
Cette collection fera l'objet d'un prochain article vous expliquant mes choix, détaillant les parti-pris stylistiques de ces différentes pièces et leur chronologie. Mais pour vous donner une première idée de cette collection composée à ce jour de sept pièces, voici quelques photos.
Dans l'ordre des images : un manteau croisé en laine bleu en MTM de chez Stile Latino, un manteau croisé en laine rouge en prêt-à-porter de chez Belvest, un caban en cachemire couleur camel en prêt-à-porter de chez Sartoria Sabino (non photographié à ce jour), un manteau droit en cachemire crème de chez Cifonelli, un manteau Chesterfield croisé en cachemire de chez A. Caraceni, un manteau croisé en laine verte Fox Brothers de chez Dalcuore et un manteau croisée en cachemire crème de chez Sartoria Ciardi.
Voilà donc où j'en suis dans mon voyage sartorial après presque dix années d'expérience. Evidemment cet article fleuve n'a pas pour vocation de vous montrer la voie exacte à suivre puisque chaque cheminement sartorial est, par définition, un chemin éminemment personnel et l'art de bien s'habiller est loin d'être une science exacte.
J'espère cependant que ces quelques réflexions stylistiques, chronologiques et techniques vous aideront dans la construction de votre propre garde-robe.
Avec toute ma gratitude et mon affection pour votre soutien et votre fidélité.
Cheers ! Hugo