Depuis la parution, en décembre 2013, de l’article « Conseils pour construire sa garde-robe » , qui expliquait mon chemin sartorial personnel ainsi que mes choix successifs dans la construction progressive d’une garde-robe susceptible de répondre parfaitement à mes besoins ainsi qu’à mes goûts, je n’ai pas cessé de recevoir des demandes et des courriels de la part de lecteurs de PG me demandant de continuer et de mettre à jour cette chronique, au demeurant très personnelle et éminemment subjective.
Je me décide aujourd’hui de répondre favorablement à ces demandes et d’effectuer une mise à jour conséquente de cet article puisque, vous vous en doutez, je n’ai pas « chômé » depuis deux ans et j’ai considérablement étoffé (si j’ose dire) ma garde-robe qui, si elle était déjà honorable à l’époque, souffrait de manques importants, notamment en ce qui concerne les pièces à usages spécifiques (costumes d’été, costume formel, veste sport pour l’hiver, manteaux).
Cette chronique reprend donc, avec quelques ajustements narratifs de rigueur, le début de l’article initial et vient y ajouter cinq costumes bespoke, un costume MTM (sur-mesure fait main) et une veste sport bespoke, ce qui porte ma garde robe à quatorze pièces (dont treize en bespoke traditionnel) : douze costumes et deux vestes sport.
J’ai également fait réaliser dans le même temps, deux manteaux en grande mesure, un manteau MTM et un manteau en prêt-à-porter (retouché à mes mesures). Ces quatre manteaux feront l’objet d’un article séparé d’ici peu de temps.
Cela me donne l’occasion de rappeler rapidement la différence entre le bespoke traditionnel, le MTM (le sur-mesure) et le prêt-à-porter.
Un vêtement bespoke est un vêtement toujours réalisé par un maître-tailleur (et pas par une usine), toujours intégralement fait à la main, impliquant toujours la conception d’un patronage unique et demandant toujours plusieurs essayages. Un vêtement en sur-mesure (MTM) peut être lui aussi être réalisé quasi intégralementà la main (comme celui dont je parlerai dans cet article), mais il est fabriqué dans une usine (une sartoria) – petite ou grande – à partir d’un patronage existant adapté à votre morphologie et à vos mesures. Il implique une prise de mesure mais pas toujours des essayages (parfois un essayage mais rarement plus). Le prêt-à-porter, comme son nom l’indique, est un vêtement à taille (48, 50, 52) que vous pouvez acheter et porter immédiatement et sur lequel des retouches, généralement mineures, peuvent être entreprises.
Ces quelques précisions importantes étant apportées, reprenons les choses par le commencement.
Pour beaucoup d’entre nous la découverte du monde de l’élégance masculine fut un véritable « choc » : la découverte que quelques notions simples d’élégance et qu’un peu d’éducation en la matière pouvaient avoir un impact considérable sur notre façon d’être, notre confiance en nous et, finalement, notre existence.
Mais passé le « choc » de la révélation sartoriale et les premiers émois liés au port d’un costume bien coupé, nous nous trouvons très vite confrontés à l’épineuse question de la constitution d’une garde-robe digne de ce nom, c’est à dire à la hauteur de notre éducation et de nos ambitions nouvelles en la matière.
Il est d’ailleurs intéressant de noter que cette question concerne tout le monde – du jeune homme de 20 ans songeant tout juste à son premier costume « d’homme » au quinquagénaire déjà à la tête d’une garde-robe business consistante (mais achetée sans aucune éducation dans le domaine) – et que bien souvent la seule réponse consistera, quel que soit votre âge, à … (re)démarrer de zéro.
C’est malheureusement le prix à payer, si j’ose dire, pour les gentlemen s’intéressant nouvellement, mais passionnément, à leur élégance personnelle et découvrant bien souvent avec effroi que la grande majorité des costumes constituant leur garde-robe « de marque » (achetée deux fois sur trois par leur épouse) est thermocollée, trop grande et mal coupée…
Mais pas de panique cependant, car si se constituer une garde-robe de qualité peut mobiliser un peu de temps (et d’argent), cela ne représente pas non plus une épreuve insurmontable, surtout pour celui qui prendra le temps de s’éduquer à la chose vestimentaire, notamment dans ces colonnes.
Bien entendu, la notion de garde-robe idéale n’existe pas puisque qu’elle dépendra en grande partie de votre style de vie, de votre profession ainsi que de quelques données climatiques (selon que vous résidiez à St Pétersbourg ou à Miami, selon vous vous soyez strictement sédentaire ou que vous voyagiez beaucoup).
Cependant, afin de tenter de vous donner quelques premières directions dans cette entreprise complexe, je vais prendre l’exemple que je connais le mieux : le mien. Je pense en effet que, d’une part, il illustre bien le propos et que, d’autre part, j’ai suffisamment étudié le sujet pour pouvoir prétendre en extraire quelques principes gagnants.
Contrairement à ce que vous pourriez imaginer, ma garde-robe personnelle n’est pas constituée d’une profusion de costumes mais d’une « petite » vingtaine d’ensembles, tous de haut niveau et méticuleusement choisis, dont quinze pièces en grande mesure.
Ces quinze pièces bespoke (donc onze sont issues de la Maison Cifonelli), m’ont demandé sept années de travail et de patience. Le choix de chaque costume ayant fait l’objet d’une longue réflexion et de discussions avec mon tailleur, je pense donc qu’il peut être intéressant pour vous de vous inspirer des quelques grands principes qui ont guidé mes choix, notamment en termes de chronologie d’achat.
Bien entendu, comme il sera question ici de type de costume (couleur, coupe) et pas de qualité de fabrication, les principes énoncés ci-après sont également parfaitement valables en prêt-à-porter.
J’ai démarré ma quête d’élégance personnelle en 2008 en prenant la décision, après de longs mois d’étude du sujet, de tenter l’aventure du bespoke tailoring et donc de miser immédiatement sur l’extrême qualité plutôt que sur la quantité (en concentrant l’intégralité de mon budget sur un ou deux costumes par an, jamais plus).
A l’époque de ma révolution sartoriale personnelle je possédais une garde robe classique, composée de nombreux costumes thermocollés issus de grandes marques. Après avoir longuement étudié le sujet, je décide à l’époque de ne conserver qu’un seul costume en prêt-à-porter et de mettre tous les autres, dont certains issus de marques mondialement réputées – au rebut.
Le seul costume qui me reste quand je démarre la construction de ma nouvelle garde-robe de gentleman éduqué est un costume de la maison Smalto. Un joli costume de la gamme Francesco Smalto (à l’époque le haut de gamme du prêt-à-porter maison) bleu navy , semi entoilé, que je ne porte plus aujourd’hui (car lorsque l’on passe au bespoke il est quasi impossible de faire marche arrière) mais dont la coupe et la tenue sont longtemps restés honorables.
Après de longues discussions avec Lorenzo Cifonelli, je décide à l’époque de commencer… par le commencement, c’est à dire par la quintessence du costume classique : un costume gris moyen, droit, deux boutons, dans un joli mélange laine Super 110s et cachemire (Drapers).
Je choisis un gris moyen uni car c’est la couleur la plus pratique qui existe : pas trop foncée pour ne pas être trop formelle, pas trop claire pour ne pas être trop casual.
Le résultat est une pièce tailleur d’une simplicité absolue, par essence intemporelle, qui entre dans sa huitième année et qui reste l’un des costumes que j’utilise le plus !
J’ai d’ailleurs, en clin d’oeil, décidé de porter ce costume pour le premier événement de dédicace de mon livre dans le showroom de Vitale Barberis Canonico en Octobre dernier, soit exactement sept ans après son achat (comme vous pouvez le voir ci-dessous).
Acheté 3800 euros à l’époque, ce costume ne m’a donc couté, à ce jour, « que » 480 euros par an (40 euros par mois) et si je continue à en prendre soin (c’est à dire à ne jamais le porter deux jours de suite, à le mettre immédiatement sur cintre après une journée de port et à l’aérer près d’une fenêtre de temps en temps), je pense que le transmettrai à mon fils Greg dans une vingtaine d’années.
Ce costume est, selon moi, le premier à posséder dans toute garde-robe (en bespoke, en sur-mesure ou en prêt-à-porter).
Pour mon deuxième costume, je choisis un deuxième grand classique masculin : le costume croisé bleu foncé.
Réalisé dans une version classique 6 on 2 (six boutons dont deux actifs), dans une laine Super 110s (Drapers) assez épaisse (pour un drapé impeccable), ce costume apporte incontestablement un degré supplémentaire de formalité par rapport à mon premier costume.
Je pousse d’ailleurs à l’époque l’idée un petit peu plus loin en évitant les poches à rabats pour opter pour des poches passe-poilées, ce qui est assez inhabituel pour un costume croisé.
Le résultat est un costume immaculé, à la simplicité extrême, aux revers en pointe très généreux et au tombé exceptionnel.
Après presque sept ans de bon et loyaux services (j’ai également énormément porté ce costume qui est, à l’heure où j’écris ces lignes à la « révision » chez Cifonelli pour un changement de doublure), cette magnifique pièce bespoke est toujours l’un de mes costumes préférés et celui que j’ai choisi de porter, en deuxième clin d’oeil, à la fin du mois d’Octobre dernier, pour le deuxième événement de dédicace de mon livre à Bucarest en Roumaine (comme vous pouvez le voir ci-dessous).
A moins de souffrir d’un embonpoint certain, le costume croisé est un must dans toute garde robe et devrait être envisagé comme une pièce essentielle à posséder absolument.
Avec ces deux premiers costumes, je couvre déjà la grande majorité des situations et des occasions de la vie professionnelle ou personnelle avec une élégance discrète et classique. Je décide alors, maintenant que ce socle solide est constitué, de mettre en route un costume légèrement plus typé…
Avec ce costume, je commence à faire des choix stylistiques plus sophistiqués et plus personnels : j’opte donc pour un costume droit, trois pièces un bouton avec gilet croisé 6 boutons, dans une laine super 120s à motif pied de poule (toujours Drapers, auquel je resterai fidèle pour 80% de ma garde-robe).
J’opte également pour des revers en pointe (moins fréquents que les revers à cran sur les costumes droits) afin de conférer à l’ensemble un supplément d’âme indéniable.
Le résultat est un costume très typé, aux revers interminables et à la poitrine minuscule que je porterai par la suite indifféremment avec ou sans gilet. Mon premier costume vraiment « personnel ».
Avec ces trois costumes, je suis désormais « paré » pour quasiment toutes les situations de la vie et le nombre de combinaisons possibles est déjà très important.
Il est désormais temps d’explorer, en toute logique, le domaine des vestes dépareillées pour ajouter encore plus de possibilités à ma garde-robe naissante…
Désormais à la tête de 3 costumes de haut niveau, couvrant d’ores et déjà les trois grandes figures de style masculines – le droit, le croisé et le trois pièces – je décide alors de m’aventurer sur les terres beaucoup moins codifiées de la veste sport ou dépareillée.
Etant conscient que je ne serai en mesure de m’offrir un vrai costume « black tie » que beaucoup plus tard (en réalité plus de cinq ans plus tard !), je décide alors d’opter pour une veste particulièrement typée et originale pouvant faire office, de temps à autre, de veste formelle : une veste gris claire semi-doublée, un seul bouton, aux larges revers gansés contrastés gris foncé (dans le même tissu que la veste), aux poignets gansés sans boutons et aux poches plaquées.
Un vêtement résolument typé qui s’avèrera finalement d’une fabuleuse utilité puisque je le porterai, indifféremment, sur un jean selvedge, sur un pantalon de flanelle grise à poche cargo et même sur pantalon noir lors de soirées black tie.
J’arrive maintenant au stade où je peux affiner mes goûts et affirmer mes préférences. Ma première expérience du costume croisé ayant été très convaincante et très valorisante, je décide alors de continuer sur la voie royale du double-breasted.
Afin d’équilibrer ma garde-robe en termes de saisons, j’opte cette fois pour un costume résolument plus léger, tant dans la couleur que dans le tissu, un Super 130s « Target » à motif Prince de Galles très « fondu » (Holland & Sherry). Mon idée est de faire un costume de printemps, pouvant même tutoyer les périodes estivales.
De construction très classique, ce costume croisé affiche des revers en pointe très généreux, une petite poitrine dans le plus pur style Cifonelli et des poches à rabats coupées légèrement en biais.
Un choix qui s’avèrera gagnant puisqu’en l’absence, à l’époque, de vrai costume d’été, ce croisé très léger s’avèrera très utile pour mes voyages dans les pays chauds (Dubai, Hong Kong).
Possédant désormais deux costumes droits (dont un avec gilet croisé), deux costumes croisés et une veste sport droite, je décide encore une fois d’équilibrer ma garde-robe en ajoutant un deuxième trois pièces à ma collection.
Ayant remarqué l’impact très positif des versions « un bouton » de mes deux dernières vestes sur ma silhouette, je décide de continuer sur cette voie avec ce costume un bouton avec gilet croisé.
Réalisé dans un superbe mélange laine super 120s et cachemire bleu avec motif chevrons (Drapers), ce costume est monté avec des revers à crans placés très haut sur la poitrine, quasiment sur l’épaule. Mesurant un tout petit peu moins d’un mètre quatre-vingts, j’ai très vite appris, à mon avantage, toutes les méthodes pour étirer la silhouette dont celle, particulièrement efficace, du cran de revers placé le plus haut possible.
Un costume très pointu, à la brillance naturelle, que je réserve plutôt aux occasions très habillées même si la version sans gilet est plus discrète. C’est ce costume (âgé de quatre ans donc) que je déciderai de porter pour les deux événements de lancement de mon livre en Espagne, à Barcelone et à Madrid.
J’arrive désormais à la marche symbolique du septième ensemble, celle qui vous permet, virtuellement, de porter un costume en grande mesure différent chaque jour de la semaine et je choisis, maintenant que les fondamentaux sont couverts, d’affirmer encore plus mon style et mes goûts personnels avec un troisième costume croisé « with a twist ».
Ce septième costume constitue un costume charnière sur mon chemin dans la grande mesure, puisqu’il me semble parfaitement résumer mes goûts et mes parti-pris stylistiques personnels. Il m’aura donc fallu presque cinq années et sept projets en Bespoke traditionnel (attention, activité hautement addictive) pour parvenir à ce stade lumineux où chaque costume devient une émanation directe de votre personnalité ainsi qu’un formidable terrain d’expression.
Pour ce septième projet, je choisi un costume très « racé », le premier de ma collection monté en 6 on 1 (6 boutons mais un seul actif), avec des revers très larges légèrement arrondis couvrant la quasi intégralité de la poitrine et dont la pointe des revers touche quasiment les épaules.
Comme à mon habitude et pour préserver la ligne impeccable de la veste, je choisis des poches passe-poilées sans rabats. Le tissu est un fil à fil classique de chez Drapers.
J’aime particulièrement la version 6 on 1 de la Maison Cifonelli, car le bouton actif est placé beaucoup plus haut que chez les maisons de couture italiennes, afin de respecter l’équilibre de la veste et de son ouverture.
Avec ce septième costume très personnel, j’ai enfin l’impression d’atteindre un niveau de garde robe en bespoke susceptible de couvrir toutes les occasions de vie de manière correcte avec un bon équilibre entre les costumes droits, les trois pièces et les croisés.
A ce moment là de ma progression, et comme je l’écris dans l’article original, la « raison » me dicte de me consacrer désormais à des pièces spécifiques, soit saisonnières (costume d’été), soit occasionnelles (costume black tie). Pourtant, comme vous allez le constater, j’allais laisser tomber, pour quelques temps, toute démarche rationnelle pour assouvir pleinement ma passion nouvelle pour le costume croisé 6 on 1 (version Cifonelli) qui allait devenir, selon certains média, mon costume « signature » (ce qui n’est pas pour me déplaire).
J’allais donc faire faire, coup sur coup, deux costume de ville chez Cifonelli selon ce même patronage et même adopter, un peu plus tard, ce patronage pour mon futur costume formel (toujours chez Cifonelli).
Ce neuvième costume, réalisé exactement six ans après mes premiers pas dans le monde du bespoke, allait devenir immédiatement, l’un de mes costumes fétiches que j’allais, littéralement, mettre à toutes les sauces (jour, business, soir et même blazer par dessus un jean) et ce, pendant quasiment toutes les saisons (de septembre à juin).
Fabriqué dans un superbe tissu Laine et Kid Mohair de Vitale Barberis Canonico, et agrémenté de boutons en corne avec un marron très texturé, ce costume est sans conteste l’un des plus confortables de ma collection et celui par lequel je commencerai sans doute si je devais démarrer ma démarche sartoriale aujourd’hui.
Comme dans le costume précédent (et comme dans le prochain) les revers, particulièrement imposants et légèrement arrondis, recouvrent la quasi-totalité de ma poitrine.
C’est un parti-pris stylistique que j’adore mais qui ne sera sans doute pas du goût de tout le monde. Hormis la question du goût, le choix de ce type de revers (très) généreux est également guidé, en ce qui me concerne, par des questions de morphologie. Ayant fait beaucoup de sport entre les âges de 35 et de 45 ans, j’ai une cage thoracique assez développée et une taille (en comparaison) relativement étroite. Ce design de costume me permet donc de vraiment respecter ma morphologie et de me sentir particulièrement à mon aise, notamment grâce à des emmanchures positionnées très (très, très) haut.
Dans la continuité de ma passion immodérée pour les costumes 6 on 1 de chez Cifonelli, et au lieu, comme la raison me le dicte, de me lancer dans la réalisation d’un costume purement estival ou d’un Black Tie, je décide de continuer dans la même veine d’inspiration et de faire un troisième costume d’affilée à partir du même patronage, mais dans une couleur nouvelle pour moi : un tissu Drapers (de la superbe liasse Blazon Super 140s, que je conseille vivement, au passage, à tout le monde pour sa qualité et sa texture vraiment « quatre saisons ») à motif Glen Plaid marron avec une ligne bleue ciel.
Le design est strictement le même que mes deux costumes précédents même si la couleur et le motif Prince de Galles apportent une « ambiance » nouvelle au modèle, plus « dapper » comme diraient les initiés.
J’adore ce costume à la fois pour sa coupe très ajustée (Cifonelli oblige), ses revers dingues et son tissu classique « with a twist » qui constitue le premier tissu à motif « marqué » de ma collection (les précédents motifs ayant toujours été plutôt discrets et très « fondus »). Cliquez sur les images ci-dessous pour bien vous rendre compte du motif du tissu (à noter que la voiture derrière moi est une Bentley Mulsanne, que la Maison Bentley, partenaire fréquent des événements de PG en Espagne, a gentiment mis à notre disposition pour deux jours lors de la dédicace de mon livre à Madrid. Une automobile en tous points exceptionnelle).
Etant un adepte exclusif des costumes en bespoke traditionnel, cela faisait un long moment que j’avais envie de tenter l’expérience d’un costume sur-mesure réalisé par l’une des quatre grandes sartorias en Italie.
J’ai donc profité de mon manque chronique de costumes d’été (ainsi que de mon absolu manque de temps juste avant le Pitti Uomo estival) pour tenter cette aventure – nouvelle pour moi – avec Santandrea Milano (aussi connue sous le nom de St Andrews, une formidable manufacture transalpine à laquelle nous avons récemment consacré un article ICI).
Le tissu étonnant utilisé pour ce beau costume d’été particulièrement léger est un Super 170s de chez Loro Piana, d’un bleu ciel très spécial (et qui m’a d’ailleurs valu une avalanche de compliments et de questions). Je dois avouer avoir été agréablement surpris par la qualité de ce costume réalisé en un temps record avec une prise de mesures et une seule séance de retouches, donc sans essayage intermédiaire, ce qui est très inhabituel pour moi.
Le plus ? Le délai, divisé par 10 (quinze jours au lieu de cinq mois). Le moins ? Des emmanchures, par définition, moins hautes et moins précises qu’en bespoke et une expérience beaucoup moins « spirituelle ». Une qualité indiscutable cependant. Parfait pour les gens pressés.
Après avoir, temporairement, assouvi ma faim de costumes 6 on 1 (avec la coupe Cifonelli, si particulière), je décide enfin de me lancer dans la réalisation d’un « vrai » costume d’été en grande mesure, c’est à dire un costume réservé aux mois de l’année les plus chauds et uniquement à eux.
Enfin, quand je dis que « je me décide », ce n’est pas tout à fait exact puisque c’est à la faveur de la visite de l’atelier du fabuleux tailleur Gianni Celeghin (installé à Legnano, à 50 kilomètres de Milan) pour les besoins de mon livre « The Italian Gentleman », que je tombe fou amoureux du travail ce tailleur âgé de « plus ou moins » 80 ans (selon ses propres termes) et d’un tissu Drapers qui me « scotche » littéralement, comme on dit aujourd’hui : un tissu bleu électrique (c’est à dire d’un bleu très très… puissant et voyant) de la formidable gamme « Greenhills » Super 160s réalisée pour Drapers par Vitale Barberis Canonico.
Deux essayages plus tard, fin Juin 2015 (juste après le Pitti Uomo d’été), je suis donc devenu l’heureux propriétaire d’un costume d’été droit ultra léger, avec des revers en pointe (peak lapels) et réalisé sans fentes (pour une ligne encore plus ajustée) par un tailleur que je vous conseille vivement d’aller voir avant qu’il ne prenne sa retraite… Car les tarifs pratiqués par Gianni Celeghin (même en incluant les billets d’avion pour deux essayages) sont très très doux et sans doute à la portée de bon nombre d’entre vous. Un grand tailleur injustement mésestimé.
NH Sartoria est une petite maison de tailoring traditionnel installée dans les faubourgs de Milan et qui perpétue, avec une petite équipe de maîtres tailleurs, la tradition de l’école dite de « Puglia » (de la région des Pouilles donc, dans le « talon » de l’Italie). Cette école est caractérisée par une épaule légèrement structurée, tout en restant naturelle, mais surtout par un travail stupéfiant à l’intérieur des vestes toutes réalisées sans aucune doublure. Cela veut dire, pour faire simple, que les finitions intérieures sont très soignées et que la veste est aussi belle à l’intérieur qu’à l’extérieure.
J’ai choisi, pour cette veste sport à dessein très « campagne », un tissu en laine épais façon Tweed de chez Drapers de toute beauté.
Vous trouverez ci-dessous les images du second essayage (les images de la veste terminée seront insérées plus tard car, bizarrement, je n’ai pas encore photographié cette magnifique pièce tailleur).
C’est à la faveur de l’événement de dédicace de l’édition française de mon livre « Parisian Gentleman » (éditions Intervalles, disponible ICI), qui s’est déroulé chez Guerlain sur les Champs Elysées à la fin du mois de novembre que j’ai – enfin – pris le temps, avec mon tailleur Lorenzo Cifonelli, de réaliser le premier costume « Black Tie » en grande mesure de ma vie.
Pour cette pièce maîtresse de ma garde-robe, j’ai choisi le fantastique tissu Barathea de chez Vitale Barberis Canonico en version « midnight blue » (c’est à dire un bleu nuit tellement foncé que seul un oeil habitué peut détecter qu’il ne s’agit pas d’un smoking noir).
J’ai également opté pour mon modèle croisé fétiche de chez Cifonelli (ici en 4 on 1) avec, comme il se doit, des revers en satin, des boutons couverts et un pantalon avec un galon en satin le long de la jambe. Encore une magistrale réalisation de la maison Cifonelli.
Pour mon premier costume Napolitain, j’ai décidé de faire confiance à l’excellent (et particulièrement affable) maître tailleur Luigi « Gigi » Dalcuore, un homme que j’apprécie tout particulièrement pour son indéniable talent mais aussi pour sa discrétion et son élégance décontractée. Un moment passé avec Gigi est un moment toujours calme, doux et agréable, ce qui, pour les habitués, n’est pas toujours le cas chez d’autres tailleurs locaux.
L’autre raison de mon choix est que la silhouette Dalcuore est évidemment Napolitaine (épaule complètement naturelle, légèreté ahurissante du costume), mais sans exagération.
Pour ce très beau costume croisé 4 on 1, j’ai opté pour un superbe tissu à rayures multicolores de la gamme « Intrepid Mouliné » de Vitale Barberis Canonico ainsi que pour des revers très généreux (selon Gigi, les plus larges jamais réalisés chez lui !), comme je les aime.
Je suis très content de mon premier costume Napolitain et surtout du travail de Luigi Dalcuore, un tailleur de classe mondiale dont vous allez entendre souvent parler dans ces colonnes.
Je prépare le même article pour les quelques manteaux que j’ai réalisé ces derniers mois (dont le magnifique manteau en cachemire blanc/crème de chez Cifonelli ci-dessus).
Bien entendu, les choix expliqués ci-avant restent éminemment subjectifs et ne vous sont proposés qu’à titre d’inspiration. Ils sont également (et sans doute plus que jamais) applicables, évidemment, en prêt-à-porter.
J’espère de tout coeur que mon parcours personnel vous sera utile dans votre quête d’élégance et d’excellence.